Identifier experts, influenceurs ou talents : sources et méthodologie

Carole Tisserand-Barthole
Netsources no
129
publié en
2017.07
1235
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méthodologie | sourcing veille
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Nous avions consacré la Une du dernier numéro de NETSOURCES à la recherche d’information appliquée aux personnes.
Cet article portait sur un aspect spécifique : la recherche et la veille sur des personnes dont on connaît le ou les noms (dans le cadre d’une démarche de e-réputation, de réalisation de biographies, de vérification d’informations sur une personne, ou pour retrouver des déclarations).

Cette fois-ci, nous allons aborder l’autre pendant de la recherche d’information sur les personnes : l’identification d’experts, d’influenceurs, ou de talents répondant à des critères précis.

Cette problématique concerne différents secteurs et professions comme :

  • les ressources humaines pour dénicher des talents
  • la R&D ou les laboratoires de recherche pour identifier des experts scientifiques,
  • le marketing pour détecter et lister des influenceurs aussi appelés KOLs (Key Opinion Leader),
  • les départements commerciaux pour l’identification de clients et prospects
  • ainsi que les professionnels de l’information susceptibles de traiter ces différents aspects. Ces dernier pourront également y recourir afin d’identifier des experts métiers dans le cadre de veilles et recherches pour lesquels ils ne disposent pas des compétences et pour lesquels il n’y a pas d’expertise en interne.

Ressources humaines : le sourcing de candidats

Quand on pense à l’identification de personnes répondant à des critères précis, on pense en premier lieu aux cabinets de chasseurs de têtes ou services en ressources humaines à la recherche de profils et talents répondant à des critères précis.

Et les noms venant immédiatement à l’esprit sont évidemment le réseau professionnel LinkedIn ainsi que Viadeo dans une moindre mesure.

Nous nous limiterons ici à la simple évocation de Viadeo car le réseau est en perte de vitesse et a été racheté récemment par Le Figaro Classifieds, la filiale des petites annonces du Figaro. Le Figaro a récemment annoncé le nouveau « business model » qu’il souhaite appliquer à Viadeo et qui est appelé « à faire le lien entre l'orientation, l'emploi et l›employabilité » (Le Figaro). Il est aussi question du retour et du développement des fonctionnalités gratuites. Mais tout cela n’est pas encore mis en œuvre...

LinkedIn : un outil de sourcing incontournable

Le système de connections entre individus : un élément important à prendre en compte

Tout le monde ou presque (ou du moins tous les professionnels) dispose d’un profil LinkedIn et c’est justement là que réside sa force.

Rappelons que le réseau social a été créé en 2003 et a été racheté par Microsoft en 2016. Entre temps, l’entreprise a opéré une série d’acquisitions comme Slideshare, Pulse ou Lynda (plateforme de e-learning) pour diversifier les services aux utilisateurs.

Au printemps dernier, il annonçait 500 millions de membres, soit une belle base de profils à explorer.

En termes de fonctionnement, le réseau fonctionne sur un système de connections entre les utilisateurs, réparties en trois niveaux :

  • les connections de niveau 1 : les personnes avec lesquelles on est directement connecté
  • les connections de niveau 2 : les personnes connectées à ses contacts mais pas directement à soi-même. On peut ainsi leur envoyer une demande de contact ou bien leur envoyer un email
  • les connections de niveau 3 : les personnes connectées à ses connections de niveau 2. On pourra envoyer une demande de contact à certains de ces profils mais pas tous. Pour les autres, il sera possible de les contacter par mail.

Attention cependant, l’envoi de mail n’est possible que dans les versions payantes. D’autre part, il faut être conscient que les connections de niveau 1 apparaissent dans les premiers résultats alors que les connections de niveau 3 ou hors réseau sont reléguées très loin dans la liste de résultats.

Même si, avec ces trois niveaux de connections, on peut identifier un grand nombre de personnes et de candidats potentiels, cela n’est pas exhaustif et ne permet pas d’accéder à l’ensemble des 500 millions de membres.

Rappelons cette théorie, parfois décriée, des « six degrés de séparation » développée en 1929 par un hongrois, Frigyes Karinthy, selon laquelle « toute personne sur le globe peut être reliée à n’importe quelle autre, au travers d’une chaîne de relations individuelles comprenant au plus six maillons » (source : Wikipédia).

Une étude menée en 2011 sur le réseau social Facebook indiquait que la différence maximale de connections entre les membres du réseau était de 4.74. En 2016, Facebook indiquait que la distance était passée à 4.57.

Toujours est-il qu’avec 3 niveaux seulement, on passe nécessairement à côté de quelques profils...

Lors d’une recherche sur LinkedIn, on peut certes voir apparaître des résultats hors de ses trois niveaux de connexion mais il n’existe aucune option pour rechercher spécifiquement des personnes entrant dans cette catégorie ou filtrer les résultats sur ces seuls profils. Dans la version gratuite, le nom exact de la personne en dehors des trois niveaux de connexion n’est même pas visible.

Les fonctionnalités de recherche sur LinkedIn

Pour la recherche à proprement parler, LinkedIn dispose d’un moteur de recherche simple avec des options de filtres dans un second temps.

On peut utiliser les opérateurs booléens classiques AND, ORou NOT.

Depuis le début de l’année 2017, on peut également utiliser les opérateurs suivants :

  • firstname: recherche sur le champ prénom uniquement
  • lastname: recherche sur le champ nom de famille uniquement
  • title: recherche sur l’intitulé du poste actuel uniquement
  • company: recherche sur le nom de l’entreprise actuelle uniquement
  • school: recherche sur les noms des écoles/universités dont la personne est diplômée.

Une fois la recherche lancée, on dispose également de nombreux filtres :

  • relation (1er niveau, 2e niveau, 3e niveau et plus)
  • mots-clés dans le prénom, nom, titre actuel, entreprise actuelle ou écoles
  • relations d’une ou plusieurs personnes en particulier (fonctionne uniquement sur les contacts au 1er degré)
  • lieux
  • entreprises actuelles
  • entreprises précédentes
  • secteur
  • langue du profil
  • centres d’intérêt caritatifs
  • écoles

Dans les versions premium notamment celle intitulé « Recrutement » (près de 90 euros par mois tout de même), d’autres fonctionnalités de recherche avancées et filtres sont proposés.

Identifier des profils via des groupes

Au-delà du moteur de recherche, on pourra également repérer des profils via les groupes existants sur le réseau.

A titre d’exemple, si l’on recherche des professionnels de la veille, on pourra identifier des groupes dédiés à la veille ou l’intelligence économique, demander à en être membre et ensuite explorer les profils de leurs membres.

Autres éléments à prendre en compte

Aussi puissant soit-il, LinkedIn présente des limites.

On pourra tout d’abord évoquer les limites géographiques. Interdit en Russie depuis 2016 (Linkedin refusant de stocker ses données sur les utilisateurs russes en Russie), il ne sera donc d’aucune utilité si l’on recherche des profils dans ce pays. Par contre, on pourra tenter d’utiliser avec des réseaux tels que Vkontakte ou Facebook, les deux étant dans une petite partie utilisés à des fins professionnelles. Viadeo quant à lui semble avoir renoncé à son expansion internationale (Chine, Russie, Afrique) et se limiter désormais au territoire français.

D’autre part, l’outil modifie régulièrement ses fonctionnalités de recherche pour le pire comme pour le meilleur.

Au cours des dernières années, il n’a eu de cesse de supprimer des fonctionnalités de recherche dans la version gratuite pour les réserver aux versions payantes voire même les supprimer complètement de toutes les versions pour finalement refaire machine arrière... Rien ne garantit donc que les fonctionnalités disponibles dans la version gratuite soient les mêmes d’ici un an...

Enfin, il faut être conscient que LinkedIn est très difficile à interroger et à surveiller via des applications tierces comme notamment les outils de veille. Lorsqu’une plateforme de veille indique qu’elle surveille LinkedIn, il faut savoir lire entre les lignes pour réaliser que cette surveillance n’inclut que quelques groupes ou parfois même la simple rubrique FAQ du site...

A l’image des autres réseaux sociaux, la stratégie de LinkedIn consiste à obliger l’utilisateur à se connecter à la plateforme dès lors qu’il souhaite réaliser la moindre action impliquant le réseau social (recherche d’informations, lecture d’un article publié sur LinkedIn, veille sur des pages, etc.). Dernière restriction en date : depuis juillet 2017, la suppression de l’API pour les groupes LinkedIn avec pour conséquence l’impossibilité d’accéder ou de partager du contenu dans les groupes LinkedIn via des plateformes extérieures.

Interroger LinkedIn via Google

On peut également interroger LinkedIn en passant par Google et en tirant donc parti des fonctionnalités de recherche de ce dernier.

Pour cela, il suffit d’utiliser l’opérateur site: permettant de limiter la recherche à un site précis.

Nous avons donc fait le test en comparant les résultats obtenus au sein de l’interface de LinkedIn et depuis Google. Nous avons ainsi mené une recherche pour identifier des professionnels de la veille utilisant ou connaissant l’outil Factiva.

Dans LinkedIn, nous avons entré les termes veille et Factiva et avons limité à la France. Sur Google, nous avons entré site: site:fr.linkedin.com veille factiva

Dans le premier cas, nous obtenons 228 résultats et dans le second 248 dans un premier temps, chiffre réduit à 161 quand on se rend sur la dernière page de résultats. Le nombre de résultats sur Google est certes moins important que sur LinkedIn mais présente cependant des éléments intéressants.

D’une part l’ordre des résultats est complètement différent car il n’est nullement question sur Google des connections de 1er, 2nd ou 3e degré.

D’autre part, on visualise bien mieux les mots-clés en contexte (en l’occurrence ici les termes veille et Factiva) sur Google que sur LinkedIn, ce qui permet de déterminer directement quels résultats sont pertinents ou non et d’éliminer en un bref regard les profils de personnes ayant travaillé chez Factiva par exemple.

Interroger Google pour identifier des CVs

LinkedIn n’est pas la seule source d’information pour l’accès aux CVs et profils de candidats. Une recherche Google peut également mériter le détour.

Certaines personnes disposent d’un site personnel avec leurs CVs et de nombreuses écoles, associations ou organisations proposent des CVtèques.

On pourra ainsi croiser les termes CV ou Curriculum Vitae avec l’intitulé du poste et/ou les compétences requises tout en tirant parti des opérateurs inurl: pour limiter aux mots-clés cités dans l’url ou intitle: pour limiter aux termes présents dans le titre de la page.

Autres sources à prendre en compte

Sur les blogs américains dédiés au sourcing RH, on peut lire de nombreux messages mettant en avant le potentiel de Facebook comme source de plus en plus incontournable face à LinkedIn jugé toujours plus décevant.

Cependant, les quelques tests que nous avons effectués montrent qu’il est tout de même assez difficile d’identifier des profils professionnels sur Facebook, notamment pour la France.

Parmi les autres sources, on pensera :

  • à Pôle emploi et ses équivalents dans les différents pays qui proposent des profils de demandeurs d’emploi
  • les moteurs de recherche et sites spécialisés dans la recherche d’emploi et la publication de CV comme Monster, Indeed, APEC, etc.
  • Les sites dédiés aux CVs comme DoyouBuzz
  • les associations professionnelles
  • les écoles et universités qui proposent des CVtèques et des annuaires d’anciens élèves

Marketing & communication : identifier des influenceurs

Dans les secteurs du marketing et de la communication, l’identification de personnes et plus précisément d’influenceurs aussi appelés KOL (Key Opinion Leader) et le développement de relations et partenariats avec ces derniers est une activité en pleine essor : on parle de marketing d’influence.

Pour les marques, l’intérêt est multiple. On le sait, un message a beaucoup plus d’impact s’il est mis en avant par un « leader d’opinion » que par la marque elle-même. L’influenceur pourra donc offrir une visibilité à la marque au travers de ses actions sur le Web et un accès direct à son public et sa cible.

Derrière le terme influenceur, on peut distinguer différents profils : blogueurs, journalistes, fans d’une marque, employés, clients actuels ou potentiels, etc.

Mais avant de développer cette relation marque/influenceurs, l’identification des bons influenceurs est une étape cruciale. Quelle méthode et quels outils pour identifier les personnes les plus adaptées et quels critères prendre en compte pour déterminer l’influence réelle d’un individu ?

Parmi les éléments à prendre en compte dans l’estimation de l’influence, on notera :

  • son impact sur les grands réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook avec le nombre de reprises de ses messages, le nombre de liens pointant vers ses contenus, etc.
  • le nombre de liens pointant vers les contenus de son site ou blog
  • le nombre de commentaires
  • une recherche Web pour déterminer la réputation numérique de la personne en question peut également présenter un intérêt réel

Pour identifier des influenceurs, les outils ne manquent pas.

Nous les avons catégorisés de la manière suivante :

  • les outils intégrés aux réseaux sociaux eux-mêmes (Twitter, Facebook, LinkedIn, Instagram, etc.)
  • les outils développés par les plateformes de veille
  • les petits outils gratuits ou freemium dédiés à l’identification d’influenceurs
  • les gros outils et plateformes dédiés à l’influence.

Identifier des influenceurs directement sur les réseaux sociaux

Comme nous le mentionnions précédemment, les réseaux sociaux sont de plus en plus verrouillés et empêchent toujours un peu plus les applications tierces d’accéder à leurs contenus.

Autant des plateformes comme Twitter ou, dans une moindre mesure, Instagram, seront plutôt bien couvertes par des plateformes de veille, autant on ne peut pas en dire de même pour Facebook ou pour LinkedIn.

Twitter

Pour identifier des Twittos influents, on pourra utiliser différentes méthodes :

  • lancer des recherches dans le moteur interne de Twitter pour identifier des personnes spécialisées sur une thématique et explorer les profils de ces personnes : ratio nombre d’abonnés/abonnements, intérêt du contenu publié, contenu propre ou uniquement des reprises, nombre de liens pointant vers ce profil, nombre de ces contenus retweetés, etc.)
  • identifier plusieurs comptes influents et explorer leurs propres abonnements
  • Utiliser Tweetdeck, l’application logicielle de Twitter qui permet notamment de sauvegarder des recherches en limitant aux résultats avec au moins x retweets, x likes, x replies.

Instagram

Sur Instagram, peu de possibilités de recherche via le moteur à part la recherche sur hashtag et la visualisation des contenus les plus populaires pour identifier des influenceurs. Après avoir identifié un ou plusieurs influenceurs, on pourra explorer leurs abonnements pour en détecter d’autres.

Facebook

Pour Facebook, on se retrouve vite limité avec le moteur de recherche interne qui s’est certes amélioré avec le temps mais qui ne permet toujours pas de recherches vraiment approfondies.

On pourra également avoir recours à des outils comme Search is back ou Intelligence search qui offrent des moteurs de recherche avancée pour Facebook même si ce n’est pas complètement optimal.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à lire ou relire notre article « Facebook incontournable pour la veille et la recherche ? Fantasme ou réalité ? » (BASES N°344 - janvier 2017).

LinkedIn

Sur LinkedIn, pas de solution miracle non plus. Ce réseau social professionnel avait certes développé un outil d’identification d’influenceurs en 2013 mais celui-ci a aujourd’hui disparu. Il n’est même plus possible de rechercher les articles publiés sur sa plateforme de publication Pulse ou bien les liens partagés par les utilisateurs sur leurs profils. Seule solution : explorer les groupes spécialisés sur un sujet et repérer des membres qui s’expriment et disposent d’une réelle expertise. Malheureusement, les groupes sont plus des lieux où chacun fait sa publicité plutôt que de véritables lieux de partage et d’expertise.

Les outils développés par les plateformes de veille et bases de données

La grande majorité des plateformes de veille sur les médias sociaux aussi appelés outils de social listening proposent des fonctionnalités, modules ou outils dédiés à l’identification d’influenceurs.

La plupart ont d’ailleurs développé en interne des algorithmes permettant de déterminer le score d’influence des internautes.

Parmi les outils dont nous avons déjà eu l’occasion de parler dans NETSOURCES, on pourra citer :

  • Synthesio (NETSOURCES n°117 - Juillet/Août 2015)
  • Meltwater (NETSOURCES n°118 - septembre/octobre 2015)
  • Digimind Social (NETSOURCES n°119 -novembre/décembre 2015)
  • Radarly (NETSOURCES n°120 - janvier/février 2016)
  • Visibrain (NETSOURCES n°124 - septembre/octobre 2016)
  • Brandwatch (NETSOURCES n°126 - janvier/février 2017) qui propose en plus de sa plateforme une base de données appelée Audiences avec plus de 300 millions de profils d’influenceurs Twitter.

Au printemps dernier, LexisNexis, connu notamment pour sa base de données presse Nexis et sa plateforme de veille Newsdesk, a annoncé le lancement d’une base de données de journalistes et médias appelée Medias Contacts Solution. Avec plus de 800 000 contacts dans 200 pays, cette base a pour vocation d’aider ses clients à « identifier les bons influenceurs et relais d’opinion ».

Les petits outils gratuits ou freemium

Il existe quelques petits outils gratuits ou freemium se focalisant sur l’identification d’influenceurs.

Les versions gratuites sont cependant très limitées pour un cadre professionnel.

Dans cette catégorie, on pourra citer des outils comme :

  • Commun.it (https://commun.it) : un abonnement limité gratuit et des abonnements à 19.99 $ par mois et 34.99$ par mois. Fonctionne pour Twitter uniquement.
  • FollowerWonk (https://moz.com/followerwonk) : un abonnement limité gratuit et des abonnements à 29$ et 79$ par mois. Fonctionne pour Twitter uniquement.
  • Influence Panel (http://www.influencepanel.com) : un compte gratuit pour 48h puis des abonnements à 49 € et 190 € par mois et par utilisateur. Les influenceurs sont identifiés sur Twitter, YouTube, Dailymotion, Twitter, Instagram et Facebook.

Les gros outils et plateformes d’identification d’influenceurs

Il y a ensuite tous les outils dont c’est le véritable cœur de métier comme :

  • Traackr (http://www.traackr.com)
  • Launchmetrics (https://www.launchmetrics.com)
  • Lefty.io (https://lefty.io/fr/technology)
  • Buzzsumo (http://buzzsumo.com)
  • Klear.com (https://klear.com)

On pourra également citer Cision (http://www.cision.fr/logiciel-rp), une suite logicielle pour les relations media, le social media management et le marketing digital qui propose, entre autres, un moteur de recherche d’influenceurs.

Les tarifs pratiqués par ces plateformes sont généralement élevés.

Scientifique, technique et académique : l’identification d’experts et chercheurs

On peut chercher à identifier des experts pour de multiples raisons :

  • pour développer un partenariat technologique ;
  • pour identifier un intervenant dans le cadre d’une conférence, journée d’étude ou débat ;
  • pour s’associer des compétences indispensables dans le cadre d’une réponse à un appel d’offres ;
  • pour réaliser des analyses sur des sujets que l’on ne maîtrise pas en interne ;
  • pour trouver des « spécialistes » capables de réagir à des sujets sur les plateaux de télévision et radio ;
  • etc.

L’identification de ces experts et chercheurs repose beaucoup sur leurs publications académiques et éventuels dépôts de brevets.

Mais l’une des principales difficultés dans les articles scientifiques, est de savoir repérer dans la liste parfois longue des auteurs quelle est l’expertise de chacun et quels sont ceux qui ont réellement contribué à l’élaboration de l’article et de l’étude et ceux qui se sont contentés de rajouter leurs noms à la toute fin...

Dans une liste d’auteurs d’un article, il n’est pas toujours facile de déterminer celui qui est le plus compétent. Cela peut être le premier … ou le dernier. Une façon de le sélectionner est de se fier à l’auteur désigné comme la personne à contacter à propos de l’article.

Quelques initiatives ont été développées dans ce sens mais on en est encore aux prémices... On citera les «Contributorship Badges for Science» développés par deux éditeurs de publications scientifiques - BioMed Central et Ubiquity Press. Cela consiste à indiquer dans un article la contribution précise de chaque auteur. Cette initiative s’applique pour l’instant à GigaScience et au Journal of Open Research Software uniquement.

Le cas des moteurs de recherche gratuits

Effectuer une veille bibliographique avec des outils gratuits pour ensuite en extraire des noms d’experts n’est bien évidemment pas optimal. Cependant, lorsque l’on n’a pas d’autres possibilités, cela peut constituer un premier élément de réponse.

La référence en matière de moteur gratuit n’est autre que Google Scholar. On pourra également citer le moteur de recherche bibliographique de Microsoft appelé Microsoft Academic dont la nouvelle interface date de 2016. Mais ces outils ne proposent pas des fonctionnalités d’analyse très poussées et ne permettent pas de voir directement les principaux experts d’un sujet.

Il faudra donc effectuer une recherche sur la thématique ou le sujet d’expertise pour lesquels on recherche des experts, identifier une série d’articles scientifiques pertinents et ensuite effectuer des recherches sur les noms des auteurs identifiés dans ces articles afin de déterminer lesquels sont réellement des experts du sujet.

Les plateformes des éditeurs scientifiques

On pourra également explorer les plateformes des éditeurs scientifiques comme ScienceDirect (pour Elsevier), Wiley Online library ou encore Springer Link qui permettent d’effectuer des recherches sur les articles scientifiques de leurs publications et d’avoir accès gratuitement aux données bibliographiques (titre, résumé, auteurs, indexation).

Ces outils ne proposent pas d’outils d’analyse et de statistiques permettant de faire ressortir les auteurs les plus cités, etc. Une fois les articles pertinents identifiés, il faudra donc opérer manuellement.

Les ressources liées à l’open access

Au-delà des ressources des éditeurs classiques, il ne faudra pas négliger les articles parus dans des revues en open access. On pourra interroger des moteurs comme :

  • BASE (Bielefeld Academic Search Engine) qui indexe plus de 100 millions de documents en open access. On peut d’ailleurs visualiser les auteurs les plus cités dans les résultats d’une recherche.
  • OAISTER, un catalogue collectif contenant des millions de notices pour des ressources en libre accès
  • DOAJ qui liste près de 1000 publications en open access mais permet aussi de faire une recherche dans plus de 2 500 000 articles publiés dans ces revues

Les outils d’analyse et metrics des serveurs et bases de données scientifiques et brevets

Les logiciels d’analyse sémantique et statistique

L’un des principaux acteurs sur le marché s’appelle Intellixir (http://www.intellixir.com) et a été créé en 2002 comme spin-off du CEA et racheté en 2015 par Questel.

L’outil fonctionne en 4 étapes :

  • Collecte de l’information : recherche et téléchargement des documents depuis des sources internes ou des serveurs et bases de données comme par exemple Orbit Intelligence, Patbase, STN, Proquest Dialog, Web Of Science, LexisNexis, ProQuest et Scopus
  • Consolidation des données : regroupement des labels de déposants (affiliations). Catégorisation des documents par champs personnalisés, thésaurus ou lexiques.
  • Fouille et Analyse : découverte des informations d›intérêt via les statistiques et les représentations graphiques. Réalisation de rapports à la demande. Mise à jour de tableaux de bord
  • Diffusion

Pour le cas des experts, l’outil, extrêmement puissant, va être en mesure d’identifier à partir d’un gros corpus d’articles scientifiques et de brevets et dans un temps réduit et de manière innovante une liste d’experts pertinents à partir de très nombreux critères mais également les collaborations entre eux ce qui est nettement plus difficile en utilisant d’autres moyens.

Outils dédiés / Open Innovation

Enfin, on n’oubliera pas les outils dédiés à l’identification d’experts avec des profils d’experts comme Expernova, Idexlab, Presans, etc. Attention cependant : certains de ces outils sont parfois décriés et considérés comme moins performants que l’utilisation des grands serveurs et agrégateurs.

Le cas des experts et chercheurs en entreprises

Les chercheurs en entreprise n’ont pas nécessairement le droit de publier d’articles scientifiques. On pourra se tourner vers les congrès et conférences du domaine pour les identifier, les dépôts de brevets ou plus simplement vers une recherche LinkedIn.

Et en dehors de la sphère scientifique et technique ?

Même si nous nous sommes focalisés sur les experts scientifiques et techniques, cette méthodologie s’applique aussi bien aux sciences humaines et sociales. On interrogera dans ce cas des ressources comme JURN qui indexe des millions d’articles académiques, chapitres d’ouvrages et thèses, ISIDORE, une plateforme de recherche permettant l’accès aux données numériques des sciences humaines et sociales (SHS) ou encore des serveurs comme EBSCOhost ou Proquest qui proposent des bases de données bibliographiques en SHS.

Conclusion

La recherche d’information et la veille appliquée aux personnes est un vaste sujet transposable à de nombreuses professions.

On constate que le réflexe naturel d’interrogation de Google fonctionne assez mal pour ce type de problématique : ce n’est pas avec un moteur de recherche classique que l’on va réussir à visualiser les experts ou influenceurs les plus pertinents pour une thématique donnée et il est peu probable que ce soit grâce à ce dernier que l’on arrive à dénicher le meilleur profil pour un poste. Une bonne connaissance des sources et outils dédiés s’impose...