MyTwip, sous l’apparence d’une plateforme de veille classique, un positionnement scientifique et technique intéressant
C’est justement l’une des forces de la plateforme de veille MyTwip proposée par Coexel.
Figure 1. Interface de MyTwip
En apparence, MyTwip ressemble beaucoup aux plateformes de veille intégrées classiques : l’outil est multi-sources (aussi bien surveillance de pages, alertes sur mots-clés, flux RSS que réseaux sociaux et connecteurs avec des services externes), il gère les différentes phases de la veille tels que le sourcing, la collecte, l’analyse et la diffusion personnalisée sous la forme de newsletters, rapports ou encore flux RSS, permet de gérer finement les droits des utilisateurs (administrateurs, lecteurs, contributeurs, etc.)... (voir figure 1.)
Mais il se démarque par son positionnement scientifique et technique.
Cette plateforme n’est pas nouvelle et existe depuis une dizaine d’années mais nous n’avions jusqu’à maintenant pas eu l’occasion de la tester et d’en parler dans BASES ou dans NETSOURCES.
La société COEXEL a été créée par Vincent Boisard, un ingénieur de formation, en 2007.
Selon les propres termes de son fondateur, MyTwip n’a pas vocation à concurrencer les grands outils de recherche et d’analyse scientifique, technique et brevets classiques comme Orbit, STN, Intellixir et les autres, mais se positionne comme une plateforme de veille Web adaptée aux problématiques scientifiques, techniques, brevets et innovation même si elle peut également être utilisée pour des problématiques plus larges de veille stratégique, concurrentielle ou e-réputation.
Et quand on regarde de plus près le corpus par défaut proposé par MyTwip, on constate la part non négligeable
- de sources spécialisées sur des secteurs industriels ou académiques,
- de blogs, sites et réseaux sociaux scientifiques,
- de sources dédiées aux appels d’offres
- et de toute la partie Web ouvert de ce qui a trait aux publications scientifiques, normes et brevets.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’une grande partie des clients actuels de MyTwip aient un ancrage scientifique et technique : industriels, institutionnels, services R&D, etc.
Au-delà du positionnement, quelques spécificités
Au-delà de ce positionnement scientifique et technique qui le démarque de la concurrence, MyTwip propose quelques spécificités qui méritent que l’on s’y arrête.
La base de connaissance MyTwip
Au niveau du sourcing et de la mise en place de la veille, MyTwip propose une approche hybride qui n’est pas commune à toutes les plateformes de veille. Les utilisateurs peuvent à la fois entrer leurs propres sources (surveillance de pages, surveillance de pages par mots-clés, flux RSS, intégration de documents internes, connecteurs avec des sources existantes) mais également recourir à des alertes par mots-clés sur le Web et les moteurs d’actualités, surveiller les médias sociaux (Twitter et Facebook surtout) et surtout tirer parti de la base de connaissance MyTwip qui contient plus de 12 millions de données datant des dix dernières années.
Comme nous avons eu l’occasion de le présenter dans le précédent numéro de NETSOURCES, « De la veille à la recherche rétrospective, il n’y a qu’un pas !» (NETSOURCES n°134 - Mai/Juin 2018), il est rare de trouver des plateformes de veille proposant une telle antériorité. Et cette base de connaissance permet aussi bien de définir sa veille, les différents angles de son sujet, les mots-clés pertinents, les axes à explorer que d’identifier des sources à mettre sous surveillance.
L’outil combine donc la « veille radar » et la « veille cible1 », des concepts-clés et complémentaires dans le domaine de la veille et dispose d’une antériorité intéressante.
On rappellera que la « veille radar » se définit comme une veille par mot-clé sur un corpus web large où l’on ne connaît pas précisément les sources a priori et permet de découvrir de nouvelles sources et de nouveaux angles de veille. Et la « veille cible » consiste à identifier des sources pertinentes que l’on met spécifiquement sous surveillance afin de détecter de nouvelles informations intéressantes en lien avec ces problématiques de veille.
Des modules sémantique et d’analyse poussés
Coexel a également beaucoup investi dans les technologies sémantiques ntamment grâce à des partenariats R&D avec des institutionnels tels que le CNRS pour l’analyse sémantique, l’ONERA (Office national et de recherche aéronautique) pour la détection de signaux faibles ou encore l’IRSIC (Institut de recherche en sciences de l’information et de la communication) pour l’extraction des connaissances ce qui renforce un peu plus cet ancrage.
Parmi les modules et fonctionnalités présentes sur la plateforme, on citera par exemple :
- l’extraction de concepts et d’entités nommées qui permettent ensuite de filtrer, classifier et analyser l’information ;
- la classification automatique selon une ontologie / thésaurus (il est possible de classer automatiquement l’information selon un thesaurus existant comme celui d’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) par exemple) ;
- le smart folder, un algorithme auto-apprenant basé sur un apprentissage sémantique qui recommande et identifie des informations proches de celles qui lui ont été indiquées ;
- les outils d’analyse par volumétrie ou cartographie ;
- la possibilité de donner plus de valeur à certains termes qu’à d’autres dans une requête ;
- des possibilités de traduction automatique à la volée basées sur Google Translate.
Des fonctionnalités de recherche qui gagneraient à être plus avancées
Si l’outil répond à un réel besoin sur le créneau scientifique et technique, les fonctionnalités de recherche mériteraient d’être un peu plus poussées sans avoir besoin d’aller jusqu’à ce que proposent les serveurs et bases de données scientifiques classiques.
On dispose ici des opérateurs booléens classiques, de la troncature ainsi que de la possibilité de limiter la recherche aux titres, résumé, plein-texte, sources, tags et/ou commentaires. Un opérateur de proximité va également être déployé dans les prochaines semaines.
On peut enfin filtrer les résultats par type de sources, taux de pertinence, langue, date, sources, notes ou commentaires.
Quelques fonctionnalités de recherche complémentaires comme la possibilité de respecter la casse, de rechercher n fois un terme dans le texte par exemple apporteraient néanmoins une réelle valeur ajoutée au produit.
D’autant que toutes les sources Web ouvertes et gratuites liées au scientifique, technique et académique tels que les bases Open Access, moteurs académiques, les réseaux sociaux académiques ou encore sites institutionnels disposent de fonctionnalités de recherche extrêmement pauvres et qu’il est donc très difficile d’effectuer des recherches et veilles de qualité sur ces sources et tirer parti de leurs corpus pourtant riches.
Notre avis
Au final, MyTwip est une plateforme intéressante qui a su se positionner sur un créneau peu exploré par les plateformes de veille classiques et encore moins par les outils de social media monitoring.
Le seul autre outil avec lequel il présente réellement des similarités est à notre sens la plateforme Keywatch d’Iscope. On retrouve la même petite structure fondée par un ingénieur de formation, cette connaissance et compréhension des problématiques scientifiques, académiques, techniques et industrielles et le développement de solutions d’analyse sémantiques et de datavisualisation en partenariat avec des industriels et des institutionnels.
- 1 Outils froids – Veiller en mode « radar » ou « cible » - https://www.outilsfroids.net/2016/12/veiller-en-mode-radar-ou-en-mode-cible