Comment le phénomène des fake news et de la désinformation impacte le professionnel de l’information dans son quotidien ? Quelles sont les initiatives développées par les géants du Web, la presse, les outils de recherche professionnels et de veille classiques ou des start-ups spécialisées et en quoi cela peut-il être utile dans un contexte de veille ?
Même si la couverture médiatique dont bénéficient les fake news ou infox en français, depuis 2016 et l’élection de Donald Trump, peut donner l’impression qu’il s’agit d’une nouveauté, il s’agit en réalité d’un sujet vieux comme le monde. La désinformation et la diffusion de fausses informations se pratiquent depuis des siècles, certes à moins grande échelle et avec des modalités différentes.
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Avec le développement des médias sociaux depuis une dizaine d’années, tout le monde peut publier et partager de l’information. Comme beaucoup d’avancées, cela est à double tranchant en permettant :
Ce qui a changé en quelques années, c’est donc le fait que le volume et la vitesse de propagation de ces infox n’a jamais été aussi important.
Et si la désinformation s’est limitée pendant longtemps aux contenus textuels puis aux contenus multimédia avec les images truquées, elle s’attaque désormais avec succès aux vidéos avec le nouveau phénomène des deep fakes (voir glossaire).
Les évolutions de la technologie rendent possible de nouvelles formes de désinformation et facilitent leur production et leur diffusion en masse.
Ainsi, plus aucun contenu n’est à l’abri d’être détourné et truqué de manière très convaincante. Il faut donc être plus prudent que jamais.
De nombreux acteurs du Web, les GAFAM en tête, mais aussi les médias traditionnels et certaines start-ups, se sont donc engouffrés sur le secteur, très porteur, de la lutte contre la désinformation. Nous aurons l’occasion d’analyser ce phénomène dans la suite de ce numéro.
Parallèlement aux fake news, on trouve également des erreurs « plus honnêtes », à savoir involontaires par ignorance, incompréhension ou approximation, que ce soit sur le Web, dans la presse, dans des rapports, etc.
Personne, pas même les experts ou les journalistes n’est à l’abri de diffuser sans le vouloir de fausses informations.
D’autant que certains journalistes, notamment appartenant à certains types de presse, font preuve d’une certaine paresse intellectuelle en se contentant de copier-coller des communiqués, et scoops sans réelle vérification.
On rappellera que dans l’ouvrage « L’information à tout prix » publié en 2017, Julia Cagé estimait que « 64 % de ce qui est publié en ligne est du copié-collé pur et simple ». On a donc d’un côté des médias opérant une course au scoop et peu adeptes de la vérification, et de l’autre, ceux qui cherchent à redorer l’image de la profession en remettant en avant les valeurs-même du journalisme. Et ce sont ces mêmes acteurs qui développent des solutions de fact-checking ou se revendiquent du journalisme d’investigation.
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