Les réseaux sociaux (LinkedIn, Twitter & co) représentent aujourd’hui une source d’information privilégiée pour la veille dite « métier ». Et c’est tout à fait justifié.
On peut y suivre les grandes tendances de son métier et secteur, découvrir de nouveaux acteurs et outils, repérer des événements professionnels ou encore lire les témoignages et retours d’expérience de ses pairs.
Ces réseaux sociaux regorgent de contenus professionnels intéressants et on a tout à gagner à s’abonner à une sélection de comptes spécialisés et à suivre les publications de ses contacts et « amis ».
Cependant, ce sont les algorithmes de ces réseaux sociaux qui réalisent la plupart du temps la veille à votre place, ce qui a peut avoir quelques conséquences fâcheuses si vous n’en avez pas pleinement conscience.
Ce n’est un secret pour personne, les algorithmes des réseaux sociaux sélectionnent les contenus qui vont apparaître dans le flux de l’utilisateur.
Ainsi, quand vous vous connectez à votre compte Twitter, LinkedIn, Facebook, Instagram et autres, vous ne voyez par défaut dans votre flux qu’une partie seulement des contenus publiés par vos contacts et les personnes que vous suivez...
Jamais la totalité.
Et c’est un problème si vous tentiez d’avoir une vision plus globale que les quelques morceaux de contenus que l’algorithme a eu la gentillesse de vous mettre sous la dent.
D’une certaine manière, l’algorithme fait votre veille métier à votre place.
Vous lui transmettez votre sourcing (en l’occurrence, des comptes à suivre, des listes de contacts, d’« amis », des pages entreprise ou encore des groupes) et il se charge du reste en choisissant ce qu’il va vous montrer.
Et comme il est sympa, il vous rajoute pour le même prix quelques contenus en dehors de votre champ de surveillance habituel.
Sauf qu’il n’a pas forcément les mêmes critères de sélection que vous…
Dans la « vraie vie », quand vous réalisez une veille professionnelle, il y a peu de chance :
Mais pour les réseaux sociaux, ce sont des critères de sélection tout à fait valables.
D’ailleurs, ne comptez pas sur eux pour vous détailler précisément leur processus de sélection. Ils n’ont de compte à rendre à personne.
En plus d’être peu transparents sur leurs critères de sélection, les algorithmes des réseaux sociaux sont aussi un peu lunatiques.
Et là-dessus LinkedIn est un très bon exemple.
Lorsque vous regardez votre flux à un instant T, LinkedIn vous propose une sélection de contenus. Vous revenez une minute plus tard ou vous rafraîchissez la page et ce ne sont plus du tout les mêmes contenus qui apparaissent. Vous regardez ensuite votre flux LinkedIn non plus depuis votre ordinateur, mais depuis votre portable et surprise, voici encore d’autres contenus !
Et quand vous voulez retrouver un contenu qui est apparu il y a quelques heures ou quelques jours sur votre flux, il faut s’armer de courage sans aucune garantie de succès, il n’y en a même parfois plus aucune trace (sauf si vous le sauvegarder ou si vous le likez).
À l’inverse, il arrive que les algorithmes vous resservent encore et encore des contenus que vous avez déjà consultés de nombreuses fois.
À croire que les algorithmes sont aussi un peu amnésiques.
Si on réalise sa veille métier uniquement en regardant ponctuellement les contenus qui apparaissent sur son flux d’actualités Twitter, LinkedIn, Facebook et autres, on a donc toutes les chances de passer à côté d’informations importantes.
C’est possible dans certains cas.
Il existe des moyens simples pour visualiser tous les contenus publiés par ses contacts et les comptes que l’on suit sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter, il suffit de cliquer sur l’étoile en haut à droite de l’écran (voir Figure 1.) et choisir « voir plutôt les tout derniers tweets ».
Et si on utilise la fonctionnalité « liste » de Twitter pour faire sa veille métier, là non plus pas de problème, les contenus sont automatiquement affichés en intégralité du plus récent au plus ancien.
Figure 1. Voir les derniers tweets sur Twitter
Sur LinkedIn, il suffit de cliquer sur « Pertinence » (voir Figure 2.) et changer pour « récent » pour voir s’afficher tous les contenus publiés par l’ensemble de ses contacts.
Figure 2. Passer à un classement par date sur LinkedIn
On notera cependant que LinkedIn a une fâcheuse tendance à oublier nos critères et à revenir à un classement par pertinence dès qu’on a le dos tourné.
Sur Facebook, il n’est pas possible de paramétrer un classement chronologique depuis la page d’accueil de la version desktop. Mais cela fonctionne sur on utilise l’url suivante : https://www.facebook.com/?sk=h_chr
Sur mobile, Facebook avait réintroduit la possibilité d’avoir un flux classé par date l’année dernière sur mobile uniquement, mais la fonctionnalité est repartie aussi vite qu’elle est apparue puis réapparaît de temps à autre. Il semblerait qu’en ce moment, cela fonctionne à nouveau.
Sur Instagram (depuis 2017) ou encore TikTok par contre, il est, à notre connaissance impossible de visualiser l’intégralité des contenus postés par ses contacts, « amis » et abonnements dans son flux global. Ce sera toujours une sélection. Instagram vient néanmoins d’annoncer qu’il allait être possible de choisir ce qui apparaît dans sa timeline. Il est également possible de donner plus de poids à certains comptes pour les faire apparaître dans sa timeline en les ajoutant à ses favoris. C’est mieux que rien mais ce n’est toujours pas exhaustif.
En effet, quand vous suivez de nombreux comptes ou que vous avez de nombreux contacts sur les réseaux sociaux, il est tout bonnement impossible de lire et regarder tous les contenus écrits, partagés et likés par tout ce beau monde. Ce serait bien trop chronophage…
Et c’est particulièrement vrai pour LinkedIn qui ne permet pas le même raffinement que Twitter quand il s’agit de faire de la veille. Nombre des contenus que vos contacts (souvent d'univers hétérogènes) vont partager, n’ont aucun intérêt dans le cadre de votre veille métier.
Sur LinkedIn, il n’existe pas de solution pour regrouper vos contacts en listes thématiques.
On peut certes entraîner l’algorithme en lui indiquant qu’on ne souhaite plus visualiser les posts de telle personne, que tel message traite d’un sujet qui ne nous intéresse pas, etc.
Mais c’est long, fastidieux et finalement toujours peu satisfaisant.
C’est là que l’algorithme de pertinence qui sélectionne les contenus joue un rôle intéressant. Car il faut bien avouer qu’il comprend vite quels sont nos sujets de prédilection (en analysant nos comportements, nos goûts et notre historique) et propose souvent une sélection de contenus plutôt pertinents.
La veille métier réalisée par les algorithmes des réseaux sociaux apporte donc un premier niveau d’information et permet indéniablement de faire un premier tri dans cette gigantesque masse d’information.
Vous avez désormais un assistant qui vous fait sans aucun doute gagner du temps.
Mais confieriez-vous l’intégralité de votre veille à un quasi-inconnu, très sympa certes, qui a parfois des éclairs de génie, qui travaille très vite, mais pas toujours bien et surtout qui n’a pas du tout les mêmes critères de sélection que vous, refuse d’en changer et est un peu lunatique et amnésique sur les bords ?
Très certainement non. Ou alors vous aimez vivre dangereusement…
Pour réussir votre veille métier de manière optimale, sans y passer un temps considérable, mais tout en ayant une vision aussi représentative et complète que possible, nous recommandons la démarche suivante :
1. Focalisez-vous sur les réseaux sociaux qui ont le plus de valeur ajoutée dans votre métier.
Dans le monde de l’information et de la veille par exemple, on recommandera avant tout Twitter et LinkedIn. Cela peut varier d’un métier à un autre. Pour certaines professions par exemple, Instagram est indispensable.
Sur Twitter, créez des listes avec les comptes les plus pertinents pour votre veille métier et consultez tous les contenus publiés par ces comptes.
De temps à autre, quand vous avez un peu de temps, jetez un coup d’œil à votre flux général classé par popularité et vous découvrirez peut-être quelques pépites.
Sur LinkedIn, consultez régulièrement votre flux général classé par pertinence en ayant bien conscience que vous passerez à côté de nombreux contenus intéressants.
Pour certains hashtags qui génèrent un volume d’informations raisonnable (quelques dizaines de contenus par jour par exemple), consultez-les à fréquence régulière avec un classement par date. Abonnez-vous enfin à quelques groupes métiers et activez les notifications par email.
2. Surtout ne vous limitez pas aux réseaux sociaux !
Car comme le dit très bien Emmanuel Barthe dans son récent billet de blog « RSS et réseaux sociaux : pourquoi pas les deux ? », « les réseaux sociaux ne sont pas faits pour *informer* des utilisateurs (diffusion documentaire de l’information, DSI), mais pour *influencer* des consommateurs. »
Pour les personnes, entreprises, sites et blogs qui publient régulièrement des contenus qui vous intéressent :
Il faut bien avoir en tête que de nombreux acteurs ne republient pas tous leurs contenus sur les réseaux sociaux. Il s’agit généralement d’une sélection et les contenus de leurs sites sont souvent bien plus riches.
Et, pour les contenus qu’ils décident de publier sur les réseaux sociaux, vous n’avez aucune garantie de les voir s’afficher dans votre flux (car rappelez-vous, c’est l’algorithme qui décide !)
3. N’oubliez pas que tout n’est pas sur le Web
Le Web est indéniablement un terrain de jeu de choix pour la veille métier. Mais se rendre à des salons, conférences, formations et événements en tout genre, s’abonner à des revues papier, faire partie d’une association, discuter avec ses collègues et ses pairs, c’est aussi très utile pour mieux comprendre les grandes tendances et évolutions du monde professionnel qui vous entoure.
Au final, les algorithmes « veilleurs » des réseaux sociaux, c’est un peu ce stagiaire qu’on a tous rencontré au moins une fois dans sa vie : indéniablement intelligent avec de nombreuses qualités, mais trop rapide et trop peu soucieux des détails et qui sait tout mieux que vous alors qu’il a encore tant de choses à apprendre.
Remettez-les à leur juste place et n’oubliez pas que l’expert de votre veille métier, c’est vous !