Tout le monde en parle, l’entreprise Facebook change sa raison sociale et se rebaptise Meta pour mettre en avant son changement de stratégie en direction du métaverse.
Définition du métaverse (de l'anglais metaverse, contraction de meta universe, c'est-à-dire méta-univers) : le terme est régulièrement utilisé pour décrire une future version d'Internet où des espaces virtuels et partagés sont accessibles via interaction 3D. Il désigne pour d'autres l'ensemble des mondes virtuels connectés à Internet, lesquels sont perçus en réalité augmentée. |
Mais ce changement d’identité se fait au détriment d’un autre outil du même nom, connu des professionnels de l’information scientifique et technique.
Il s’agit de Meta, un outil de recommandation d’articles scientifiques qui appartient à la fondation Chan Zuckerberg (avec à sa tête Mark Zuckeberg et sa femme Priscilla Chan) et qui ne devait, jamais au grand jamais, avoir le moindre lien avec l’entreprise Facebook.
L’outil de recommandation scientifique Meta n’est effectivement pas très connu et il se positionne sur un aspect bien particulier de la veille et de la recherche d’information scientifique.
Il se définit lui-même comme un « outil de découverte de la recherche biomédicale qui analyse et relie des millions de résultats scientifiques pour vous donner une vue d'ensemble de la science » (Cf. Figure 1.).
Figure 1. Interface de Meta
Nous avions eu l’occasion de le tester et d’en parler dans un article de BASES intitulé « Les nouveaux outils de recommandation pour l’IST »
L’outil avait été lancé en 2010 par Sam et Amy Molyneux, deux scientifiques canadiens avant d’être racheté en 2017 par la fondation Chan Zuckerberg avec à sa tête Mark Zuckerberg et sa femme Priscilla Chan.
La fondation Zuckerberg avait alors de grandes ambitions pour son nouvel outil : « Les scientifiques savent que les outils de recherche existants ne peuvent pas saisir toutes les connaissances pertinentes dans cet immense volume de recherche scientifique ; Meta est un outil qui aide à combler cette lacune. ».
Il était même question d’élargir le spectre de surveillance de Meta hors du biomédical pour qu’il puisse couvrir tous les secteurs.
Mais cela n’arrivera jamais et il suffit de se rendre sur la page d’accueil de l’outil pour s’en rendre compte puisqu’on peut y lire : « Meta.org will sunset March 31, 2022 ».
Dans leur communication, ni Facebook ni la Fondation Chan Zuckerberg ne font le lien entre ces deux événements pourtant simultanés : Facebook a annoncé son changement de nom le 28 octobre et Meta a proclamé sa mort le… 28 octobre. Une pure coïncidence très probablement !
D’autant que les raisons évoquées par Meta dans son communiqué pour justifier la fermeture du service sont peu convaincantes et que rien ne laissait présager la fermeture de l’outil.
C’est à se demander si le rachat de Meta en 2017 n’avait pas pour seul but de sécuriser le nom et la marque « Meta » pour un usage ultérieur. Sinon, pourquoi choisir spécifiquement ce nom alors que des centaines d’autres auraient pu faire l’affaire ?
Derrière cette disparition qui n’a finalement rien de très surprenant, il faut surtout se poser la question de la pérennité des outils que l’on utilise pour la veille et la recherche d’information. On a naturellement tendance à penser que parce qu’un outil gratuit est développé, adossé ou racheté par un gros acteur, ses chances de survie sont meilleures qu’un petit outil gratuit développé par des passionnés ou une petite équipe.
Mais la réalité est toute autre. Les grands acteurs (qu’il s’agisse des GAFAMs ou des gros acteurs d’un secteur) qui développent ou rachètent des outils gratuits ont généralement peu de scrupules à les fermer sans ménagement s’ils n’entrent plus dans la stratégie à long terme de l’entreprise ou si les bénéfices espérés ne sont pas rapidement au rendez-vous.
On pensera par exemple au moteur académique 1Findr, racheté par Elsevier en 2018 qui a annoncé la fermeture du moteur cet été et qui n’est déjà plus accessible.
Sans compter le nombre de produits pourtant utiles aux professionnels de l’information que les géants du web ont retiré sans ménagement au cours des dix dernières années comme Google Reader, Yahoo Pipes, etc.
Quant aux petits acteurs qui proposent des outils gratuits, ils se retrouvent bien souvent dans l‘obligation de développer un modèle économique viable pour survivre. On constate alors bien souvent que ces outils passent à un modèle freemium ou bien se font racheter par des acteurs plus gros qui conservent l’outil dans sa version gratuite, les intègre dans leurs produits payants ou bien là encore les rachète dans le seul but de les faire disparaître.
Faire de la veille ou des recherches d’informations avec des outils gratuits présente un risque qu’il faut parfois savoir prendre, mais il faut bien en avoir conscience.
Il ne faut donc pas « mettre tous ses œufs dans le même panier ». Le système d’information et de veille doit impérativement inclure des outils multiples même si cela prend du temps et même s’il y a un risque que cela se transforme en usine à gaz.
Mais cela permet d’éviter quelques déconvenues en cas de fermeture inopinée.
Voir les articles sur les outils gratuits ou freemiums :
https://www.bases-netsources.com/articles-netsources/les-outils-de-surveillance-de-pages-gratuits-et-freemiums-au-banc-d-essai
https://www.bases-netsources.com/articles-bases/les-banques-de-donnees-brevets-gratuites-ou-freemium
Et surtout, quand on en a la possibilité, on a tout intérêt à investir en parallèle dans des outils spécialisés bon marché ou plus onéreux (outils de veille, lecteurs de flux RSS, agrégateurs de presse, serveurs et bases de données scientifiques, académiques et brevets, etc.) qui ont de plus grandes chances de survie et qui, surtout, sont plus à l’écoute des besoins et attentes de leurs utilisateurs.
Voir les articles sur les outils de veille et plateformes de veille professionnels :
Collection thématique : https://www.bases-netsources.com/collections/collection-les-plateformes-de-veille