- On peut soit s’abonner aux flux de veilles thématiques existants, par exemple « Startups, what’s up? », « Sécurité IT » ou encore « Architecture logicielle » et dans ce cas, notre action se limite à recevoir l’information thématique.
- Ou on peut créer son propre flux de veille.
Là où la création d’une veille passe généralement par l’ajout de sources pertinentes issues de son sourcing (flux RSS, page d’accueil ou page d’une rubrique) ou par la création d’alertes par mot-clé sur un corpus pré-intégré, Wabtch propose une approche complètement différente.
Le système se fonde sur la notion de « bookmarks », c’est-à-dire des liens vers des contenus (articles, billets de blogs, etc.) qu’il juge intéressants et pertinents pour sa veille. Ainsi, si l’utilisateur souhaite mettre en place une veille sur l’automobile, il a tout intérêt à proposer à l’outil les bookmarks pertinents, soit des articles de fond sur l’automobile issus des sources de référence dans le domaine.
Dans notre version gratuite, on peut renseigner jusqu’à 100 bookmarks différents pour entraîner l’algorithme, soit de sources différentes, soit d’une même source. La première version payante à 5 € TTC/mois propose 500 bookmarks. Il est également possible d’exporter ses favoris depuis son navigateur internet pour les intégrer en une seule fois dans Wabtch.
Dans un second temps, l’utilisateur pourra également préciser à l’outil des mots-clés qu’il souhaite absolument surveiller. Il est également possible d’exclure certaines sources en les ajoutant dans la blacklist.
Wabtch va ensuite mettre la source de l’article sous surveillance et, s’il y a lieu, la catégorie pertinente dans laquelle l’article a été publié (par exemple « Hybrides » dans un site web spécialisé sur les automobiles).
L’algorithme « maison » créé par le fondateur se charge ensuite de repérer les nouveaux articles pertinents en lien avec la thématique/sujet en ne crawlant que dans les sources des articles précédemment intégrés. Ainsi, si l’utilisateur entre des articles liés à l’automobile issus des Echos, du Monde ou encore de La Tribune, l’outil proposera à l’avenir des articles issus de ces sources, mais uniquement en lien avec l’automobile.
Wabtch utilise un algorithme s’appuyant sur le traitement du langage naturel pour identifier les mots clés communs aux articles en bookmarks.
Les nouveaux articles détectés sont immédiatement intégrés au flux de veille, et sont consultables sous le nom de « Suggestions ».
Livrables et collaboration
Au-delà de la création d’un flux thématique, Wabtch permet d’abonner aux flux des personnes extérieures afin qu’elles puissent consulter sur Wabtch les articles de notre veille.
Wabtch propose également la possibilité de créer une newsletter. Elle prend la forme d’un mail avec une liste d’articles issus de la veille, renvoyant directement vers l’article d’origine, sans passer par Wabtch. Il s’agit plus de curation, selon le mot de François-Xavier Nion, que d’une newsletter automatisée, car l’utilisateur sélectionne ou écarte les articles à intégrer dans la newsletter. Il peut également écrire des commentaires sous chaque article pour mettre en lumière certains éléments ou donner une analyse. Ces newsletters sont disponibles dans les plans payants à 15 ou 60 €/mois.
Un outil encore perfectible
Nous avons testé l’outil en créant une veille « Automobile » : pour cela nous lui avons entré les articles types sur le sujet, puis des mots clés, à savoir les noms des trois constructeurs français. Cela a eu pour effet de générer une « Catégorie » de veille suggérant de nouveaux articles. Cette Catégorie est l’équivalent d’un flux dans un InoReader ou d’une recherche sauvegardée dans un Tagaday.
Les mots clés et les catégories de veilles peuvent être ensuite utilisés pour classer les suggestions lorsque l’on suit plusieurs sujets.
Une prise en main agréable
La prise en main a été rapide et facile (cf Figure 1. Interface de Wabtch). Et si l’on ne comprend pas immédiatement le sens de chaque fonctionnalité, les pages QuickStart et Aide permettent, à l’usage, d’utiliser à fond Wabtch.
Figure 1. Interface de Wabtch
Comme l’outil est très récent, il n’est pas encore exempt de quelques bugs. Par exemple, lorsque nous avons supprimé rapidement cinq articles non pertinents, le site nous a éjecté et a par la suite refusé de nous identifier. Heureusement, le créateur est très réactif pour résoudre les problèmes du genre.
Des suggestions pertinentes qui permettent de sortir de la veille par mot-clé
Par rapport à nos tests, les recommandations ont été pertinentes à de rares exceptions près.
Et contrairement à une veille par mot-clé où l’on peut passer à côté d’articles pertinents parce que nos mots-clés n’y ont pas été cités, Wabtch présente l’intérêt de dépasser cette limite grâce à une approche différente.
Mais à l’inverse, cette approche ne permet pas d’être exhaustif par rapport à une source d’information, car l’outil sélectionne ce qu’il pense être pertinent pour vous. Si on reprend notre exemple de la source Les Echos pour la veille automobile, rien ne garantit que l’algorithme va sélectionner tous les contenus des Echos en lien avec l’automobile.
La surveillance des sources des bookmarks uniquement : une vraie limite
Jusqu’à présent, Wabtch surveille, volontairement, exclusivement les sources d’origines des bookmarks et ne sort pas de ce champ très restreint. Et c’est bien dommage… Car l’un des grands intérêts des outils qui utilisent des algorithmes de recommandation, c’est justement de faire découvrir à l’utilisateur des sources qu’il ne connaît pas encore et lui permettre d’enrichir son sourcing.
Ici, l’utilisateur a donc intérêt à réaliser en amont un sourcing de qualité avec toutes les sources pertinentes et utiles par rapport à sa veille thématique et à toutes les entrer dans Wabtch.
Un futur onglet bouton cliquable « À découvrir » est potentiellement à paraître, afin de proposer des articles issus de sources extérieures. Cet ajout nous paraît indispensable pour que l’outil gagne en valeur ajoutée.
Utilisation des mots-clés : avantages et inconvénients
Comme nous le mentionnions précédemment, il est également possible d’ajouter des mots-clés, mais cela reste limité, car il n’est pas possible d’entrer une véritable requête booléenne. L’usage d’un ‘OU’ systématique permet à la fois de ne rien rater sur les marques automobiles françaises par exemple, mais ne permet pas d’affiner les résultats.
D’ailleurs, le mot clé « Modèle » dans la veille Automobile nous a amené des résultats largement moins pertinents, et, étonnamment, d’une source hors sujet que nous n’avions pas identifiée. Il n’est pas exclu qu’elle fasse partie du corpus préexistant alimentant les flux thématiques proposés par l’outil.
Quelle utilité pour les professionnels de l’info ?
Le sentiment qui ressort est qu’il s’agit d’un hybride entre un espace de stockage, du type Diigo, et un crawler efficace sur un corpus de sources bien précis, du type InoReader ou Feedly, et d’un mini portail de veille, sur des flux thématiques orientés nouvelles technologies.
L’aspect stockage mériterait d’être plus développé, car les recherches par mots clés ne fonctionnent parfois pas, et les filtres pour retrouver un article sont limités. Une fonctionnalité ici intéressante, rechercher avec un mot clé permet d’interroger l’intégralité du texte de tous les articles, mais d’une part cela génère du bruit, et d’autre part cela n’indique pas toujours l’article souhaité.
Le public cible des veilleurs informels devrait y trouver son compte, et pour peu de frais, même avec les versions payantes.
Les tarifs sont très raisonnables comparés aux plus grands outils : le premier plan payant coûte 5 € TTC/mois et offre 50 sources, 500 bookmarks, 3000 suggestions, une fréquence de crawl hebdomadaire, et 20 mots clés. Le plus cher s’élève à 60 € TTC/mois et offre 600 sources, 6 000 bookmarks, 20 000 suggestions, 10 newsletters par mois, 20 flux et crawl multiquotidien.
Pour les professionnels de l’information plus expérimentés, les bénéfices apportés par Wabtch sont contrastés. Les flux thématiques sont certes utiles si l’on entretient une veille sur les sujets IT et nouvelles technologies, mais ne sont pas paramétrables par l’utilisateur. L’outil pourrait éventuellement s’ajouter à un dispositif de veille existant pour créer un espace de centralisation des articles identifiés ou pour découvrir quelques articles complémentaires. Ces mêmes professionnels de l’information pourraient également conseiller l’outil lors de formations à des non-professionnels de la veille n’ayant encore aucun outil en place.
L’outil est encore jeune et il va vraisemblablement subir quelques modifications dans ses fonctionnalités.
On peut dont penser que l’il ira en s’améliorant au fil des mois. Et surtout, espérons que wabtch permettra d’obtenir des recommandations de contenus de sources que l’on ne connaît pas, car ce serait là une vraie force.