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L’intelligence économique commence par une veille intelligente

Peut-on encore réaliser une veille avec des outils gratuits en 2017 ?

Netsources no
131
publié en
2017.11
704
Peut-on encore réaliser une veille avec des outils gratuits ... Image 1
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La veille, même si on a trop souvent tendance à l’oublier, est, avant tout, une habile combinaison entre des compétences humaines, des outils et des méthodes.

La question des outils de veille occupe depuis toujours une place prépondérante dans les discussions autour de la veille reléguant souvent en arrière-plan la question de l’humain qui est pourtant indispensable. Et autour de ces questions revient souvent l’éternelle dichotomie entre le gratuit et le payant...

Il y a souvent une confusion entre le fait de réaliser une veille sans budget, « gratuite », et le fait de réaliser une veille à partir d’outils gratuits, qui sont deux concepts très différents.

Une veille gratuite ou sans budget n’existe pas car il n’existe pas d’outil gratuit permettant d’automatiser l’intégralité du cycle de veille, qui rappelons-le, passe par l’analyse des besoins, la mise en place de la stratégie de recherche, le sourcing (c’est-à-dire l’identification des sources pertinentes), la mise sous surveillance des sources identifiées et la collecte des informations, la capitalisation de l’information et l’analyse et la diffusion au public concerné. Il y a et il y aura toujours une part d’humain dans le processus, qu’il soit réalisé en interne ou bien externalisé à des prestataires extérieurs. Et ce temps humain a un coût.

Les outils, aussi bien gratuits que payants, jouent évidemment un rôle important dans le processus mais certaines phases de la veille sont plus sensibles à l’automatisation que d’autres. Et c’est la phase de collecte qui est la plus propice à l’utilisation d’outils permettant d’automatiser des tâches très répétitives où l’humain n’apporte aucune valeur ajoutée comme celles d’aller surveiller l’apparition d’un changement ou d’un mot-clé sur une page Web.

Rappelons-le, ce qu’on appelle communément les outils de veille gratuits sont en réalité des outils de collecte et ne peuvent être utilisés précisément que pour cette phase. Ils n’ont que très peu d’utilité pour les autres phases du cycle de veille, mentionnées ci-dessus, et qui sont essentiellement des opérations intellectuelles.

Les plateformes de veille payantes, vont, quant à elles, intervenir à différents niveaux du processus de veille et pas uniquement lors de la phase de collecte mais cela ne signifie pas pour autant que la veille avec ces outils est entièrement automatisée. Les opérations intellectuelles y ont toujours leur place. Au niveau du sourcing, ces plateformes proposent souvent des corpus de sources pré-packagés qui résultent d’un travail humain, du moins en partie, la mise en place des stratégies et des requêtes repose sur une réflexion humaine, les dashboards d’analyse et de visualisation fournis par ces outils n’ont de sens que s’il y a une analyse humaine des données et la diffusion, bien qu’en partie automatisée, requiert un minimum de filtrage humain et de mise en forme pour répondre aux besoins précis des utilisateurs.

Nous rencontrons très souvent des professionnels dont la veille est une de leurs attributions mais qui n’ont d’autre budget que leur temps de travail humain et n’ont donc pas les moyens d’acquérir le moindre outil payant.

Comment réaliser une veille dans ces conditions en 2017 ? Comment réussir et quelles solutions sont aujourd’hui disponibles pour automatiser la phase de collecte à partir d’outils gratuits ou très bon marché et pour dégager du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée ?

Car si les outils gratuits de collecte existent depuis des dizaines d’années, ils ont considérablement évolué ces dernières années et le paysage a beaucoup changé. Nous avons choisi dans un premier temps de nous intéresser aux grandes tendances impactant actuellement la veille et ses outils car il est primordial de prendre en compte ces différents paramètres lors de la mise en place d’une veille et du choix des outils. Et c’est dans un second temps que nous dresserons un panorama des outils de veille gratuits aujourd’hui disponibles et ce qu’ils peuvent apporter aux veilleurs.

Les grandes tendances impactant les outils de veille

L’adieu aux outils gratuits ?

Le nombre d’outils de veille complètement gratuits a drastiquement diminué aux cours des dernières années.

Tous n’ont pas pour autant disparu mais :

  • certains ont choisi de basculer dans le modèle des plateformes de veille avec des tarifs élevés comme c’est le cas de Netvibes ou Mention par exemple.
  • D’autres ont au contraire opté pour des modèles freemium où la version gratuite ne permet plus de réaliser une veille professionnelle comme Inoreader ou Feedly. Les tarifs pratiqués par les versions premium restent pour autant abordables.

Parallèlement, un retour à l’information payante ?

Parallèlement à ce phénomène de raréfaction des outils gratuits, on note également une remise au goût du jour de l’information payante proposée par les médias avec les géants du Web en tête de file, même si cela peut paraître à première vue surprenant et contradictoire.

Depuis quelques années déjà, on a pu constater que le modèle de gratuité de la presse traditionnelle financée par la publicité ne fonctionnait plus. Un certain nombre d’acteurs ont ainsi choisi de réintégrer du payant. Mais la nouveauté de 2017, c’est que les géants du Web, Google et Facebook en tête, ont décidé de soutenir ce retour à l’information payante (loin d’une démarche altruiste bien sûr !).

Facebook expérimente actuellement un nouveau système pour ses Instant Articles, une fonctionnalité offerte aux éditeurs pour diffuser leurs articles directement sur Facebook : ces derniers pourront désormais choisir de faire payer leurs articles via un paywall ou redirigeront l’internaute vers des offres d’abonnement.

De son côté, Google a récemment fait deux annonces dans ce sens.

Premier événement en date : l’annonce de la fin du programme « First Click Free » qui obligeait les éditeurs de presse à proposer au moins trois articles en libre accès par jour pour s’assurer un bon référencement auprès du moteur. Désormais Google propose deux recommandations aux éditeurs : proposer une dizaine d’articles/mois à chaque lecteur venant de Google pour ensuite l’inciter à passer à un abonnement payant ou bien proposer uniquement en libre accès quelques lignes de chaque article mais pas le texte intégral.

Deuxième événement : Google souhaite maintenant tirer parti des données personnelles dont il dispose et du machine learning pour aider les éditeurs à conserver leur base d’abonnés payants et l’accroître. Un super VRP pour les éditeurs de presse en quelque sorte. Seul bémol, il semblerait que Google cherche à prendre 30% sur chaque nouvel abonnement ramené par ses soins...

Et si on assiste bien à un retour de l’information payante, quid des outils de veille gratuits mais également pa­yants qui surveillent pour la plupart uniquement ce qui est accessible librement sur le Web ?

Des géants du Web qui restreignent leurs accès

Autre phénomène qui concerne tout autant les outils de veille gratuits que les grandes plateformes de veille : les grands acteurs du Web comme Twitter, LinkedIn, Facebook, etc. qui cherchent de plus en plus à restreindre l’accès à leurs plateformes à des applications tierces. Leur but : obliger les internautes à se rendre sur leurs plateformes et à utiliser leurs propres outils.

C’est ainsi que Facebook et Twitter ont à tour de rôle supprimé leurs flux RSS sortants qui permettaient de s’abonner aux résultats d’une requête ou aux nouveautés d’un profil ou d’un compte. Aucun outil de veille gratuit ou payant ne peut aujourd’hui surveiller de manière satisfaisante LinkedIn ou Facebook ; seules les pages Facebook sont « surveillables » mais ni les groupes ni les résultats de recherche.

Des éditeurs qui refusent l’accès aux outils de veille

Et de l’autre côté, ce n’est pas nouveau, de très nombreux éditeurs de presse interdisent le crawling de leurs sites Web que ce soit par des outils gratuits ou payants.

Même si ces interdictions ont un caractère purement informatif, ces éditeurs se réservent le droit d’intenter des actions en justice à l’encontre des outils ne respectant leurs règles.

Le fichier robot.txt du Monde en est un bon exemple avec une immense liste d’outils de veille ayant l’interdiction de se rendre sur leur site. Rappelons que le fichier robot.txt est « un fichier texte utilisé pour le référencement naturel des sites web, contenant des commandes à destination des robots d’indexation des moteurs de recherche afin de leur préciser les pages qui peuvent ou ne peuvent pas être indexées » (source : commentcamarche.net).

Il est important d’aller au-delà des outils de veille

Le recours aux outils de veille, qu’ils soient gratuits ou payants, est indispensable à tout processus de veille mais ces dernières tendances et limitations nous invitent à la prudence et à envisager des points d’entrée alternatifs vers l’information.

En excluant les sources d’informations payantes, ou les sources dont la structure technique ne permet pas d’être intégrée à un outil de veille, ou encore celles qui empêchent les outils d’accéder à leur contenu, ne risque t-on pas de passer à côté d’une partie non négligeable des informations pertinentes et stratégiques ? Sans oublier toute l’information interne à l’entreprise qu’il est indispensable d’intégrer à une démarche de veille.

C’est pour ces différentes raisons qu’il convient de percevoir les outils de veille comme une des pièces du puzzle plutôt que comme l’unique point d’entrée.

Venons-en maintenant au panorama des outils de veille (de collecte) gratuits disponibles aujourd’hui et à leur utilité dans un contexte de veille.

Panorama des outils de collecte gratuits ou freemium

Le nombre d’outils de veille complètement gratuits a beaucoup diminué ces dernières années. Cela nous a donc conduit à élargir notre spectre d’une part aux outils freemium (qui proposent parallèlement une version gratuite et des versions payantes plus sophistiquées) et d’autre part aux outils bon marchés n’excédant pas quelques centaines d’euros par an.

Rappelons que la phase de collecte sur laquelle se concentrent ces outils intervient après la phase de sourcing, qui est comme nous l’avons dit l’identification des sources pertinentes.

Ce sourcing peut être constitué de pages Web, de sites dans leur intégralité, de flux RSS, de comptes Twitter, Facebook, Instagram, etc. mais aussi de requêtes sur des mots-clés à surveiller dans les médias sociaux, dans des moteurs ou bases de données. Et ce sont toutes ces sources que les outils de veille vont devoir surveiller. Il est important de noter que les outils de veille gratuits sont rarement capables d’intégrer toutes ces dimensions et tous ces types de sources et sont souvent spécialisés sur un type de contenu en particulier.

On peut ainsi les diviser de la manière suivante :

  • les outils de surveillance de pages Web ou outils de web monitoring ;
  • les extensions de navigateurs pour la surveillance de pages Web ;
  • les lecteurs de flux RSS ;
  • les outils d’alertes sur les moteurs généralistes ;
  • les outils de social media monitoring.
  • les fonctionnalités d’alertes sur les bases de données, sites d’éditeurs et moteurs spécialisés

Les outils de surveillance de pages : aux origines de la veille Web mais toujours présents

Les outils de surveillance de pages Web ne datent pas d’hier. Il s’agit d’outils permettant de détecter automa­tiquement les changements intervenant sur une page Web ou parfois l’apparition de mots-clés sur une page.

Même si beaucoup ont aujourd’hui disparu, il est intéressant de constater qu’un nombre non négligeable est toujours sur le marché mais avec des interfaces très datées qui n’ont pas reçu beaucoup de mises à jour et d’évolutions au cours des dernières années.

D’ailleurs, ces outils ne fonctionnent pas toujours correctement sur tous les types de sites ou de pages et l’alerte reçue par l’internaute en cas de changement sur une page est bien souvent indigeste.

Avec ces outils, il faut donc être conscient qu’on ne réussira probablement pas à surveiller toutes les pages Web identifiées lors du sourcing et que la surveillance devra rester basique.

Parmi les outils aujourd’hui disponibles, on citera donc :

  • ChangeDetect (gratuit) : http://www.changedetect.com
  • On Web Change (freemium - 3.50 euros/mois maximum) : https://onwebchange.com
  • Change Detection (gratuit) : https://www.changedetection.com
  • TrackEngine (freemium - 20$/an) : http://www.trackengine.com
  • Wysigot (logiciel téléchargeable- freemium - 40$/an maximum) : http://www.wysigot.com mais la dernière version date de 2009 !
  • WatchThatPage : http://www.watchthatpage.com qui est devenu payant à depuis octobre 2017 au-delà de 70 crawls par semaine. Rappelons qu’un crawl est le fait de se connecter à un site Web pour en vérifier les modifications par rapport à la version précédente. La surveillance quotidienne d’une seule source correspond donc déjà à 7 crawls par semaine, ce qui signifie qu’on doit donc vite passer à la version payante.

De temps à autres, on voit également apparaître de nouveaux entrants, dont les interfaces sont généralement un peu plus intuitives et fonctionnelles comme :

La version gratuite est limitée à 15 surveillances (soit 15 pages Web) avec une mise à jour toutes les 6h. La version la plus chère donne droit à 100 surveillances avec une mise à jour toutes les 30 minutes.

L’outil indique pouvoir surveiller des morceaux de pages uniquement, ce qui représente une valeur ajoutée par rapport aux autres outils de cette catégorie. Cela permet en effet de délimiter une zone précise sur la page à surveiller, ce qui permet donc de ne pas être alerté quand des éléments du menu, la date ou d’autres éléments mineurs, changent.

L’outil permet de surveiller sur une page tout changement, des changements « moyens » ou enfin des changements « importants ». Il est possible de sélectionner quelle partie de la page l’on souhaite surveiller. La version gratuite ne permet que 2 crawls par jour, ce qui est très limité...

L’outil indique être capable de surveiller des pages complètes, des morceaux de pages et même des sites dans leur intégralité ou bien certains sous-domaines. Il déclare également être capable de surveiller des pages nécessitant d’entrer un identifiant et un mot de passe ainsi que les pages dynamiques.

La version gratuite ne permet de surveiller que 5 pages, crawlées une fois toutes les 24h. Il est impossible de surveiller des fichiers PDF, Word, des pages avec mots de passe, de conserver un historique sur les 6 derniers mois ou de sélectionner des morceaux d’une page, contrairement aux versions payantes. Mais le forfait le plus cher étant à 299 €/mois, on ne se situe plus vraiment dans la gamme des outils bon marché même si cela reste moins cher qu’une plateforme de veille professionnelle.

Un petit nouveau qui n’a pas l’air d’avoir grand chose d’innovant puisqu’il offre un système de surveillance de pages tout ce qu’il y a de plus standard. La version gratuite n’offre que 5 surveillances soit 5 sources.

La plupart des outils de cette catégorie fonctionnent aujourd’hui sur un modèle freemium mais la version gratuite ne permet malheureusement pas de réaliser une veille professionnelle digne de ce nom. Elle est donc à considérer plutôt comme un produit d’appel. En effet, une veille avec 5 sources uniquement est tout de même assez rare...

Les extensions de navigateurs

Les extensions de navigateur, qui sont des petits programmes permettant d’ajouter de nouvelles fonctionnalités à son navigateur, existent également depuis très longtemps. Certaines de ses extensions permettent notamment de surveiller des changements sur une page Web.

Elles présentent l’avantage d’être installées en un clic mais ont presque toujours des fonctionnalités très basiques, encore plus que les outils de surveillance de pages cités précédemment.

D’autre part, avec la nouvelle version de Firefox appelée Quantum (Firefox 57) lancée courant novembre 2017, certaines de ces extensions ne sont plus compatibles avec le navigateur et tout simplement inutilisables. C’est par exemple le cas de Notify.

D’autres se sont adaptées à la nouvelle version comme :

  • Check4change ;
  • Update Scanner ;
  • SiteDelta Highlight et SiteDelta Change (qui fonctionnent également sur Chrome)
  • ou encore Distill Web Monitor.

On trouve également des extensions similaires pour Chrome comme :

  • celle de Visual Ping ;
  • Distill Web Monitor ;

Même si ces outils sont d’une réelle simplicité, il est difficile d’établir sa veille sur leur seule utilisation mais devront être perçus davantage comme un éventuel complément.

Une surveillance de pages requiert un minimum de budget

Même s’il existe toujours quelques outils de surveillance de pages gratuits, les limites dans le nombre de sources et la fréquence des crawls sont telles qu’il est aujourd’hui très difficile de réaliser une veille digne de ce nom.

Finalement, quand on a peu de budget, la meilleure solution reste le logiciel téléchargeable Website Watcher qui coûte 99 euros/an/licence. Et même si l’interface, très datée, est loin d’être intuitive, l’outil a le mérite de faire correctement ce pour quoi il a été conçu. Il bénéficie même toujours d’évolutions et de mises à jour régulières comme dernièrement la mise en place de flux RSS sortants qui permettent donc de suivre les changements sur son corpus de sources directement dans son lecteur de flux RSS et sans avoir besoin de se connecter à l’outil.

Le RSS pour la veille

Quand on pense outils de veille gratuits, on ne peut pas faire l’impasse sur les lecteurs de flux RSS et les outils qui en découlent.

Rappelons qu’il y a un peu plus d’une dizaine d’années, de nombreux sites Web (presse, sites d’entreprises, blogs, sites institutionnels, etc.) ont adopté le format RSS pour permettre aux internautes de s’abonner à leur contenus et mises à jour. Flux qui sont ensuite lisibles dans des lecteurs de flux RSS. L’information est ici directement poussée vers l’utilisateur mais le contenu du flux est du ressort de l’éditeur du site et n’inclut pas nécessairement l’intégralité des nouveaux contenus publiés.

Nous avons choisi ici de ne pas trop rentrer dans les détails car ce sujet a récemment fait la Une d’un numéro de BASES (N°351 - Septembre 2017- « Le RSS est-il encore un atout pour la veille ? »).

Les lecteurs de flux RSS représentent aujourd’hui l’alternative la plus professi­onnelle et sérieuse aux plateformes de veille. On est bien loin des lecteurs de flux d’il y a dix ans qui permettaient principalement de lire et consulter les dernières informations publiées sur un site d’actualités, blog, site institutionnel, etc.

Les flux RSS en eux-mêmes sont de moins en moins visibles sur les sites. Certains sites ont tout simplement choisi de les supprimer ou de signaler leurs nouveaux contenus sur leurs profils Twitter, Facebook, Instagram, etc. Mais beaucoup d’autres ont tout simplement fait le choix de les cacher.

Les principaux outils qui gravitaient autour du RSS comme Google Reader, Bloglines, Yahoo Pipes, etc. ont pour la plupart disparu mais cette disparition a eu du bon et on a pu assister alors à l’émergence de nouveaux outils bien plus intéressants.

Aujourd’hui, on citera surtout les lecteurs Inoreader et Feedly qui sont, à notre avis, les plus intéressants pour la veille et qui permettent d’aller au delà du RSS avec des fonctionnalités de plus en plus poussées.

Mais en bénéficier a un coût et il faudra acquérir les versions premium qui restent tout de même très abordables (50$ /an pour Inoreader et 18$/mois pour Feedly).

Parmi les points forts d’Inoreader, on citera :

  • la possibilité de filtrer les flux (en respectant notamment la casse) ;
  • un véritable moteur de recherche interne pour rechercher sur le contenu et les archives des flux ;
  • la possibilité de combiner des flux RSS ;
  • des fonctionnalités de traduction d’articles ;
  • des intégrations avec IFTTT ;
  • la surveillance des médias sociaux (Twitter, Google+, Facebook et VKontakte).

Et pour Feedly :

  • alertes par mots-clés ;
  • annotations et surlignage ;
  • recherche dans les flux ;
  • filtrage des flux ;
  • automatisation des tâches grâce à Zapier et IFTTT ;
  • sauvegarde sur Evernote, Pocket et OneNote ;
  • résumés par emails ;
  • surveillance de Twitter.
  • création de newsletters personnalisées et collaboratives

Et au delà des lecteurs de flux, il existe tout un écosystème gratuit ou freemium pour optimiser sa veille à partir des flux RSS avec

  • des outils de création de flux pour les pages n’en offrant pas ;
  • des outils permettant de mixer des flux ;
  • des outils pour filtrer les flux par mots-clés ;
  • des outils pour créer et récupérer des flux sur les médias sociaux (Twitter, Facebook, Instagram) car ce n’est pas parce que ces outils n’en proposent pas ou les ont supprimé qu’il n’est pas possible d’en récupérer.

Comme mentionné précédemment, tous ces outils et méthodes ont été détaillés dans le n°351 de BASES (Septembre 2017).

Les outils d’alertes Web : une autre conception de la veille

Parallèlement aux outils de surveillance de pages et aux lecteurs de flux RSS qui supposent au préalable la réalisation d’un sourcing pour déterminer quelles sources sont pertinentes et quelles pages ou flux méritent d’être mis sous surveillance, on trouve les outils d’alertes Web.

Ces outils ont pour vocation de prévenir l’utilisateur dès qu’un nouveau résultat apparaît sur un mot-clé ou une requête dans un moteur de recherche. La veille n’est plus limitée à un corpus de sources clairement défini. C’est une approche complètement différente mais qui génère nécessairement beaucoup plus d’informations car le corpus interrogé est vaste, en l’occurrence le Web.

Mais elle ne manque pas d’intérêt et permet de sortir du cadre très fermé du sourcing pour détecter de nouvelles sources, de nouvelles thématiques non prises en compte lors du sourcing ou de nouvelles informations qui n’ont pas été repérées dans son corpus. Attention cependant à bien construire une stratégie suffisamment ciblée pour ne pas crouler sous l’information.

Les deux approches sont indéniablement complémentaires et on aura bien souvent intérêt à recourir à ces outils en complément.

Parmi les outils d’alertes Web, le nom qui vient immédiatement à l’esprit est bien évidemment Google Alertes. Même s’il a connu son heure de gloire il y a une dizaine d’années, il a cependant perdu de sa splendeur en raison de la mauvaise qualité des résultats.

Malheureusement, pour le remplacer, il n’y a pas grand monde...

Sur le moteur Bing, on a la possibilité de récupérer un flux RSS sur les résultats d’une recherche en ajoutant &format=rss à l’url de la liste de résultats.

On citera également Talkwalker Alertes qui se présente comme l’alternative à Google Alertes. Pour l’avoir déjà utilisé, nous avions pu constater qu’on récupérait effectivement plus de résultats que sur Google Alertes mais il y avait tout de même beaucoup de bruit et de doublons. Ce produit est, à notre avis, surtout un produit d’appel pour la plateforme de social media monitoring Talkwalker qui n’a évidemment rien à voir en termes de qualité et de fonctionnalités.

Les outils de social media monitoring

Surveiller les médias sociaux n’est pas une tâche aisée, car, comme nous l’avons vu en introduction, ces réseaux restreignent de plus en plus leurs accès. Les outils de surveillance de pages ou les extensions de navigateurs ne seront d’aucune utilité dans ce contexte.

D’autre part, la plupart des médias sociaux ont pratiquement tous supprimé leurs flux RSS, rendant donc difficile leur surveillance via un lecteur de flux RSS. Fort heureusement, il existe des méthodes et outils pour obtenir des flux RSS sur la plupart d’entre eux. Tout cela a été détaillé dans le n°351 de BASES (Septembre 2017).

L’autre possibilité pour surveiller les médias sociaux, c’est de recourir aux outils de social media monitoring qui sont apparus simultanément à l’avènement des médias sociaux comme Twitter, Facebook, Instagram, etc.

Il y a quelques années, on pouvait trouver des outils gratuits permettant d’effectuer des recherches et créer des alertes sur les résultats. Mais force est de constater qu’ils ont aujourd’hui presque tous disparu...

Ces outils se divisent en deux catégories : ceux qui surveillent Twitter uniquement et ceux qui surveillent plusieurs réseaux sociaux.

Les premiers, bien que plus restrictifs en termes de sources, ne sont pas pour autant à négliger car Twitter est et reste le média social le plus important pour la veille. Tout dépend bien évidemment du sujet, du besoin ou non de surveiller des contenus visuels mais, dans bien des cas, une veille médias sociaux sur Twitter uniquement peut suffire.

Parmi ces outils, on pourra citer :

  • Tweetdeck qui a été racheté par Twitter en 2011. La création d’alertes ne représente qu’une petite partie de ces attributions (gestion de comptes, etc.). Il a l’avantage d’être complètement gratuit.
  • Twilert (https://www.twilert.com), un outil d’alertes mail sur Twitter avec un premier tarif à 9$/mois mais avec 5 alertes uniquement (soit 5 requêtes) et un tarif maximum de 97$/mois, ce qui n’est plus si bon marché.

Et du côté des outils surveillant plusieurs médias sociaux, il n’existe plus d’outils gratuits mais uniquement des outils fonctionnant sur un modèle freemium.

Comme c’était déjà le cas avec les outils de surveillance de pages, la version gratuite est souvent très limitée. Contrairement aux outils de surveillance de pages dont les limites se situaient au niveau du nombre de sources et du nombre de crawls, les limitations concernent ici le nombre de requêtes, le nombre de mentions et le nombre de médias sociaux surveillés.

Une mention correspondant à 1 post, 1 tweet, 1 image sur Instagram/Pinterest, etc. la limite peut très vite être atteinte et l’utilisateur ne visualise alors plus aucun nouveau contenu jusqu’au mois suivant, sauf à souscrire un forfait supérieur.

On citera donc des outils comme :

  • Buzzlogix qui propose une première version gratuite avec 3 000 mentions par mois et 5 profils sociaux mais qui grimpe jusqu’à 400$/mois pour la version entreprise, ce qui correspond finalement au prix d’entrée de gamme de certaines plateformes de veille professionnelles (https://buzzlogix.com)
  • Media Tool Kit dans le même genre avec une version gratuite incluant 3 requêtes et 3 000 mentions par mois. La version pro est à 99$/mois mais n’inclut que 5 requêtes. Sur devis au-delà (https://www.mediatoolkit.com)
  • Hootsuite propose également quelques fonctionnalités de veille pour plus de 35 réseaux sociaux. Il existe une version gratuite pour 3 réseaux sociaux et 1 utilisateur mais on peut monter jusqu’à 400£/mois pour la version Business et sur devis pour la version Entreprise (https://hootsuite.com)
  • On signalera également Mention, qui proposait originellement une version gratuite et des versions bon marché. Il propose une première version très limitée à 29 €/mois mais avec 2 alertes et 3 000 mentions par mois. Dès que l’on veut faire des requêtes sophistiquées, il faut passer à la version Professionnel Custom qui est sur devis (https://mention.com)

Les fonctionnalités d’alertes gratuites sur les bases de données, sites d’éditeurs et moteurs spécialisés

Même si on sort du cadre des outils de veille stricto sensu, on ne saurait oublier toutes les sources d’informations comme les bases de données, les sites d’éditeurs scientifiques ou académiques ou encore les moteurs spécialisés qui proposent tout ou partie de leur contenu en libre accès et intègre des fonctionnalités d’alertes pour signaler l’ajout de nouveaux contenus.

Ces fonctionnalités d’alertes par mail ou sous la forme d’un flux RSS directement intégrées au sein du site de l’éditeur sont généralement accessibles gratuitement. Cependant, l’utilisateur ne pourra pas toujours accéder au texte intégral gra­tuitement et sera souvent limité au titre et résumé des articles et documents sauf dans le cas de l’Open Access ou dans le cas où l’intégralité du site est en libre accès.

On pourra ainsi penser aux sites des éditeurs scientifiques comme Springer, Elsevier ou encore Wiley où l’on peut s’abonner aux tables des matières des revues ou aux résultats de recherche par mot-clé. Le texte intégral des articles est ensuite payant sauf dans le cas de l’Open Access.

La base de données brevets gratuite EspaceNet propose également des alertes, tout comme le BOAMP(Bulletin officiel des annonces des marchés publics), le moteur de recherche en Sciences Humaines et Sociales Isidore ou encore la base de données sur les entreprises françaisesociete.com.

Mais le champ des sources d’infor­mations incluant des fonctionnalités d’alertes est tellement vaste que cela mériterait un article dédié.

Réaliser une veille avec des outils gratuits en 2017 : un pari compliqué

Réaliser une veille avec des outils de collecte complètement gratuits est devenu compliqué. On constate que les outils 100% gratuits ont tendance à disparaître et surtout à faire évoluer leurs modèles vers des systèmes freemium voire même complètement payants. Et dans les modèles freemium, les limitations des versions gratuites ne permettent pratiquement plus de répondre aux contraintes d’une veille professionnelle.

En revanche, automatiser la collecte de sa veille avec des outils bon marché est toujours possible et ces outils sont même aujourd’hui plus perfectionnés qu’ils ne l’étaient auparavant, à l’image des lecteurs de flux RSS.

Les outils bon marché et freemium : un monde en perpétuel changement

Il ne se passe pas un mois voire même une semaine sans qu’un outil n’annonce la suppression d’une fonctionnalité ou des limitations dans sa version gratuite : alors même que nous rédigions cet article, nous apprenions ainsi que l’outil ChangeDetection avait été racheté par VisualPing et que l’outil de création de flux RSS FiveFiltersétait maintenant limité à 5 éléments dans le flux dans sa version gratuite et proposait désormais une version payante.

Le monde des outils gratuits est ainsi un monde en perpétuel changement qui nécessite une surveillance constante des évolutions et une réactivité afin d’adapter son système de veille à ces nouvelles contraintes. Finalement, on peut vite se retrouver avec des outils qui ne sont plus gratuits ni même bon marché.

Un besoin de compétences plus techniques

Réaliser une veille à partir d’outils gratuits ou bon marché demande finalement des compétences plus techniques qu’il y a quelques années pour réussir à surveiller des pages qui ne disposent pas de flux, créer des scripts, etc. Mais on constatera que les grands blogueurs du secteur tendent à démocratiser le recours aux outils gratuits/bon marché grâce à leurs nombreux tutoriels, méthodologies et mises à disposition de scripts et modèles.

Un morcellement des outils qui peut se transformer en usine à gaz

Tous ces petits outils n’ont absolument pas vocation à gérer l’ensemble du cycle de la veille et réaliser une veille à partir de ces outils nécessite donc de construire un système parfois complexe combinant plu­sieurs outils et qui peut vite se transformer en usine à gaz dès qu’un de ces outils évoluent, disparaît ou change de modèle. On a vu la perturbation occa­sionnée par exemple par la décision soudaine de Google en 2013 de retirer son outil Google Reader, qui avait été adopté par de très nombreux veilleurs et était devenu la pierre angulaire de leur dispositif de veille.

Le temps c’est de l’argent

Il ne faut pas oublier non plus que derrière les solutions gratuites ou bon marché, il y a souvent un travail humain plus important et que cette implication humaine a un coût. La solution la moins chère n’est pas forcément celle que l’on croit. Il convient d’étudier toutes les solutions possibles afin de déterminer celle proposant le meilleur rapport qualité/prix et de bien évaluer la nature et le volume de l’implication humaine requis.

Le retour du payant pose question ?

Avant de clore cet article, on peut se poser la question des contenus au cœur du processus de veille, et à cet égard de la remise en cause du modèle de gratuité de la presse en ligne avec un retour en force des contenus payants que nous avons évoqués en introduction. Quel va être à terme son impact sur les solutions de veille, qu’elles soient gratuites ou payantes ? Nous aurons l’occasion de nous intéresser à cette question dans les prochains numéros de NETSOURCES en nous penchant notamment sur les plateformes de veille qui ont mis l’accent sur l’accès à de l’information ou des sources payantes.

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