Si 2023 a été l’année de ChatGPT et de la déferlante de nouveaux outils dopés à l’IA générative, 2024 sera celle de l’intégration de l’IA générative dans les outils traditionnels du pro de l’info. Explorez avec nous les diverses innovations des acteurs traditionnels en matière d’IA et interrogeons-nous sur la pertinence de délaisser les outils IA de la cuvée 2023 au profit des outils classiques.
En 2023, l’arrivée de ChatGPT et de l’IA générative a conduit les professionnels de l’information à adapter leur arsenal d’outils pour marier habilement les outils traditionnels (qu’ils soient grand public, tels que les moteurs de recherche Web, ou spécialisés, tels que les outils de veille et bases de données) avec les nouveaux outils boostés par l’IA générative (résumés automatiques, assistants IA, dialogues avec des PDFs ou vidéos, etc.).
Aujourd’hui, c’est cette même panoplie traditionnelle qui intègre progressivement des fonctionnalités d’IA générative, avec des annonces nombreuses et difficiles à suivre.
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La vague d’outils IA pour l’Information Scientifique et Technique (IST)
Cette nouvelle étape dans le déploiement de l’IA n’a finalement rien de très surprenant ; c’est même un schéma classique dans le cycle de l’innovation :
Et c’est exactement à ce moment charnière que nous nous trouvons actuellement.
La vague de nouveaux outils IA est en train de retomber. C’est quelque chose que nous pouvons aujourd’hui mesurer lors de la veille que nous menons sur les lancements de nouveaux outils IA avec toujours quelques nouvelles annonces de lancement, mais nettement moins chaque semaine. Et c’est tant mieux, car il était devenu compliqué de suivre toutes les nouveautés…
À l’inverse, les outils traditionnels du professionnel de l’information (outils de veille, moteurs académiques, réseaux sociaux, bases de données, etc.) enchaînent les déclarations et annonces de nouvelles fonctionnalités d’IA en ce début d’année.
Nous avons donc décidé dans cet article de faire un tour d’horizon des différentes annonces afin d’avoir une vision globale de ce que les outils traditionnels du pro de l’info ont aujourd’hui à offrir comme fonctionnalités dopées à l’IA. Nous nous interrogerons ensuite sur les avantages et inconvénients à recourir à ces fonctionnalités d’IA intégrées par rapport à des outils comme ChatGPT ou des outils IA spécialisés.
La panoplie d’outils des professionnels de l’information est généralement vaste et inclut à la fois des outils grand public utilisés dans une perspective professionnelle (comme les moteurs de recherche Web, les navigateurs, les réseaux sociaux, les outils de bureautique, les banques d’images, les outils de création graphiques, etc.) mais aussi des outils professionnels spécialisés (comme les outils de veille, les outils de recherche IST, les serveurs, bases de données, agrégateurs de presse, etc.).
Ce sont les outils grand public qui ont ouvert en premier leurs portes à l’IA générative. Regardons donc plus en détail ces nouveautés.
Les moteurs de recherche ont, les premiers, intégré des fonctionnalités d’IA sous la forme d’assistant venant se greffer sur le moteur.
Voir notre article « Revue des moteurs de recherche à l’heure de ChatGPT », BASES n° 413, avril 2023.
La plupart de ces assistants existent toujours et on notera l’apparition récente d’un petit nouveau cette fois-ci adossé au moteur Ecosia. L’acteur a en effet récemment annoncé le lancement d’un chatbot IA « vert » basé sur l’API d’OpenAI. Il est pour l’instant en version bêta et n’est pas encore disponible en France.
De nombreux autres outils grand public ont ensuite fait de même comme les navigateurs, outils de bureautique, création de visuels, etc.
Commençons par les navigateurs.
Chrome a lancé sa propre fonctionnalité d’IA (en plus des nombreux plug-ins et extensions d’IA proposées par des développeurs). Brave a quant à lui présenté Leo, une IA conversationnelle qui permet notamment de résumer la page sur laquelle on se trouve, de poser des questions sur le contenu de la page ou de faire de la traduction. Le navigateur Arc propose également une fonctionnalité de ce genre (voir notre article « ARC Browser réinvente la navigation en ligne » - BASES n°420 - décembre 2023).
Les outils de productivité et de bureautique ne sont pas en reste.
C’est le cas de Microsoft avec son IA Copilot intégrée à Microsoft 365 ou encore Duet AI intégrée à Google Workspaces. Dans les 2 cas, ces fonctionnalités ont un coût important, car facturées 30 $/mois et par utilisateur, ce qui peut vite représenter un budget conséquent dès que l’entreprise est d’une taille importante. Du côté des tableurs, Airtable a lancé Airtable AI, permettant aux entreprises de développer et de déployer des applications d’intelligence artificielle générative pour les flux de travail et la productivité des entreprises.
Dropbox a quant à lui lancé Dropbox Dash et Dropbox AI qui permettent pour le premier une recherche universelle dopée à l’IA dans l’ensemble des contenus, outils et apps de l’utilisateur et pour l’autre, offre des fonctionnalités de résumé automatique pour n’importe quel document.
Les réseaux sociaux introduisent aussi progressivement des fonctionnalités d’IA générative :
X a fait le choix d’une IA conversationnelle (Grok) sur le même créneau génératif que ChatGpt, mais réservée pour l’instant aux abonnés premium plus aux États-Unis.
Du côté de Meta, l’entreprise a commencé à intégrer son IA conversationnelle Meta AI dans ses différents produits comme Facebook, WhatsApp ou encore Instagram : chat avec les contenus, suggestion de commentaires, de sujets pour les groupes, aide à la description de produit pour les marketplaces, génération d’images collaboratives sur Messenger et Instagram, etc.
LinkedIn a, de son côté, introduit de l’IA générative pour l’aide à la création de messages pour les recruteurs, pour améliorer la description des profils et la création d’articles collaboratifs.
On note également de nombreux développements d'IA générative du côté des outils multimédias.
C’est le cas des outils liés à l’image comme les bibliothèques de stocks Shutterstock ou encore Getty Images ou les outils de création visuelle comme Canva ou Piktochart.
Canva propose un « Magic Studio », une suite d’IA qui convertit les créations d’un clic dans un autre format et/ou dans une autre langue (une infographie en billet de blog par exemple), de créer des visuels à partir d’un texte/prompt, d’améliorer des designs existants, etc. Dans la même veine, Piktochart permet de créer une infographie à partir d’un prompt.
Shutterstock a lancé en octobre un générateur d’IA basé sur sa bibliothèque d’images et garantissant le droit d’auteur. Getty Images a quant à lui lancé récemment un générateur d’images appelé Generative AI by iStock mêlant les images propriétaires de Getty et la plateforme d’IA générative de Nvidia. Le produit garantit la protection juridique et les droits d’utilisation pour les images générées.
Et Adobe a lancé Firefly qui permet d’utiliser l’IA générative et des prompts pour obtenir des images, effets de texte originaux ou de palettes de couleurs inédites.
Du côté de la vidéo, YouTube teste pour les abonnés à YouTube premium un chatbot permettant de résumer et poser des questions à la vidéo. L’IA est également utilisée dans la section commentaires des vidéos pour mieux les organiser, les regrouper par catégories et les résumer.
Après cette première vague d’intégration dans les outils grand public utilisés par les pros de l’info, on assiste actuellement à une deuxième vague, cette fois-ci dans les outils professionnels.
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