À l’heure où s’informer est en voie de passer par l’obtention d’une réponse unique générée par IA, comment retrouver le plaisir de découvrir et de consulter des sources fiables ?
Pour nous, journalistes, veilleurs et professionnels du Search, l’heure n’est pas vraiment à la fête. Non seulement les sources des réponses générées par IA sont englouties par ChatGPT, Bard & Co, mais aussi par les moteurs de recherche, dopés ou non à l’IA.
Voir notre nouvel article dans BASES : IA : la veille dans un monde sans sources
Et la tendance ne s’arrangera certainement pas avec Google SGE (Search Generative Experience), la nouvelle version du moteur de recherche qui utilise l’Intelligence artificielle (PALM 2) pour générer une réponse globale résumant le sujet de la recherche sous la forme d'un Google featured snippet grand format et remisant le référencement naturel en bas de page. SGE n’est pas encore disponible en France, nous disposons d’une présentation officielle ici.
Figure 1 : Résultat de recherche sur Google SGE
Dans ce contexte, comment (re)découvrir des sources, les confronter, ou juste sortir de la surenchère algorithmique dans le but final de se constituer sa propre analyse ?
On a beau chercher, mais on n’a rien trouvé de mieux pour :
La nouvelle génération de lecteurs de flux d’actualité (les Artifact, Feeeed, Apricot, etc.) ne s’y sont pas trompés. En s’attaquant à la fatigue informationnelle, ils pourraient bien réenchanter l’information. Sur quoi se basent-ils ?. Sur quoi se basent-ils ?
S’ils réussissent leur défi d’apparaître comme une solution face à la fatigue informationnelle qui touche le grand public, ils pourraient bien créer le réflexe de centraliser l’information pour mieux se l’approprier chez les internautes/mobinautes, devenus responsables du filtrage de leur propre information. Normaliser l’usage d’un lecteur de flux ? Un rêve éveillé pour les veilleurs souvent seuls à s’émouvoir devant le potentiel d’un lecteur de flux RSS !
Si les « lecteurs d’actualité » - l’expression a changé car ils ne se limitent plus au RSS - reviennent sur le devant de la scène auprès du grand public, cela entraînerait aussi des conséquences positives pour les pros qui bénéficieraient de nouveaux développements : sites qui revalorisent leur flux RSS, nouveaux outils, nouvelles fonctionnalités, etc.
Les navigateurs Web avaient même commencé à (ré)intégrer la lecture des flux RSS, si bien que le passage par un lecteur RSS externe n’était plus obligatoire… du moins jusqu’à l’arrivée de ChatGTP. On notera notamment les « Collections » sur Edge. Bien que la fonctionnalité ait été lancée en 2021, elle n’est toujours pas aboutie sur Chrome -du moins en France - où l’on peut activer l’option “suivre un site”… mais toujours pas lire son flux ! Brave avait également annoncé cette fonctionnalité, devenue invisible. Et le navigateur n’a pas répondu à notre demande de confirmation.
À l’heure où ils sont plus utiles que jamais, l’usage des flux RSS reste fragile. Outre cette image vieillotte qui lui colle à la peau, certains éditeurs veulent eux aussi appliquer la recette du succès des médias sociaux. Alors qu’ils regrettaient il y a quelques mois leur invisibilité des résultats générés par IA, on aurait pu penser que le flux RSS serait remis au goût du jour (Lire l'article du Monde : L'arrivée de Chat GPT ou Bard sur les moteurs de recherche inquiète les éditeurs de sites web). Mais à la valorisation des flux RSS, ils préfèrent se tourner vers la personnalisation algorithmique non seulement du contenu, mais aussi du format et des interactions.
Est-ce pour autant que la presse se tire une balle dans le pied ? Peut-être pas. Ce choix n’est que le reflet de l’ambivalence actuelle des lecteurs qui, s’ils sont de moins en moins nombreux à faire confiance à l’algorithme de recommandation, continuent de le plébisciter.
À quand la réconciliation entre ceux qui alimentent les flux RSS et ceux qui les utilisent ? On voit mal comment l’usage des flux RSS va survivre à ces changements de la source elle-même, alors qu’ils semblent constituer une réponse évidente au manque de visibilité des médias dans les réponses générées par les IA… et aux besoins, des professionnels comme de la société toute entière, de retrouver son esprit critique. Face à ce débat sur la valeur de la source d’information et de sa préservation nécessaire, quel est le poids des professionnels de la recherche d’information ?