Les 20 ans de Wikipédia sont pour nous l'occasion de revenir sur sa place dans les processus de veille et de recherche d’information.
L'encyclopédie collaborative a évolué au cours des dix dernières années et surtout au niveau de son image et de sa place dans le paysage des sources d’information.
Notons au passage que bon nombre d'entreprises rêveraient de la réussite du modèle Wikipédia en termes d'intelligence collective et de plate-forme de partage de connaissances internes.
Wikipédia a été officiellement lancé le 15 janvier 2001. A l’origine, il s’agissait d’un projet secondaire censé soutenir et aider à alimenter une autre encyclopédie appelée Nupédia dont tous les contributeurs devaient être, selon le modèle classique des encyclopédies, des experts reconnus.
On connaît la suite de l’histoire : Nupédia est tombé dans l’oubli et a finalement fermé ses portes en 2003 et Wikipédia est aujourd’hui mondialement reconnu.
Wikipédia compte aujourd’hui plus de 55 millions d’articles disponibles dans plus de 300 langues et ce sont plus de 280 000 contributeurs qui alimentent la plateforme chaque mois.
Wikipédia est donc un formidable réservoir d’informations, une gigantesque base de donnée qui couvre des domaines très variés allant de thèmes grand public à des sujets très pointus et experts et avec une forte dimension internationale et à la fois locale.
On aurait tort de s’en priver dans un contexte de veille et de recherche d’information...
Wikipédia ne s’est pas fait immédiatement une place dans le monde de la veille et de la recherche d’information.
Il y a encore une dizaine d’années, il était souvent mal vu et peu recommandé de citer Wikipédia parmi ses sources d’information.
Mais aujourd’hui, l’encyclopédie est gage d’une fiabilité et s’avère plutôt épargné par la désinformation et le phénomène des « Fake news » contrairement aux médias sociaux.
La neutralité de Wikipédia, c’est d’ailleurs ce que met en avant le fondateur du site.
Selon Jimmy Wales « chaque être humain a ses biais, [mais ici] nous luttons pour être aussi neutres que possible. L’esprit de Wikipédia est collégial et réfléchi ». (source : « Wikipédia fête les 20 ans d’une belle et exigeante utopie » - Le Monde).
Il y a bien sûr des problèmes et tentatives pour publier des fausses informations ou des contenus à caractère promotionnel mais la communauté Wikipédia règle en général rapidement le problème.
On se rappellera par exemple qu’en 2019, la marque sportive North Face avait créé un bad buzz en trafiquant certaines images de l’encyclopédie à son avantage.
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L’agence de communication qui travaillait (alors) pour North Face avait ainsi eu la « brillante » idée de remplacer des photos notamment de paysages présentes sur certaines pages par des photos quasiment identiques mais contenant un objet de la marque.
Au-delà de ce gage de fiabilité, la communauté de Wikipédia est aussi réputée pour mettre très rapidement à jour les informations des articles. Ainsi, si on cherche des données sur une personne, une entreprise, etc., il n’est pas rare que l’information la plus « fraîche » se trouve sur Wikipédia.
Aujourd’hui, Wikipédia fait souvent partie intégrante du processus de veille et de recherche d’information.
L’encyclopédie est utilisé surtout en amont des investigations et des veilles pour :
Si les professionnels de l’information utilisent les ressources de Wikipédia, ils sont aussi pour certains des acteurs de la communauté Wikipédienne.
Chaque année, certains participent à la campagne #1lib1ref, qui a lieu chaque année depuis 2016 et qui invite chaque professionnels de l’information à ajouter une référence bibliographique manquante dans l’article de leur choix.
La campagne 2021 a lieu du 15 janvier au 5 février puis du 15 mai au 5 juin 2021.
D’autres vont également plus loin en participant activement à la création et la modération de nouveaux contenus sur l’encyclopédie. Un récent article du Monde intitulé « Wikipédia fête les 20 ans d’une belle et exigeante utopie » indiquait que la majorité des contributeurs français avait au moins un bac+4 et que les « bibliothécaires, chercheurs et documentalistes (y) sont surreprésentés ».