Un constat alarmant sur les méthodes de recherche
Un article publié en décembre 2021 a provoqué une onde de choc dans la communauté scientifique (1). Consulté plus de 20 400 fois, téléchargé près de 2 000 fois et ayant fait l’objet de 141 citations à ce jour, cette étude révèle un problème fondamental dans la recherche scientifique.
Les chercheurs ont tenté de reproduire 193 expériences décrites dans 53 articles à fort impact, dont les protocoles et plans d’analyse avaient été validés par des pairs avant leur publication. Le résultat est préoccupant : seules 50 expériences (26 %) issues de 23 articles (43 %) ont pu être reproduites. Plus troublant encore, 32 % des auteurs contactés ont refusé de répondre ou sont restés silencieux face aux demandes de précisions.
Des initiatives européennes pour renforcer la rigueur méthodologique
Cette crise de reproductibilité a certainement influencé le Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne, qui a organisé en juin 2022 un atelier aboutissant au projet PRO-MAP (Promoting Reusable and Open Methods and Protocols).
Les recommandations issues de ce projet, d’abord publiées sous forme de préprint en juin 2023, ont été finalisées en septembre 2024 dans un document intitulé « Promoting Reusable and Open Methods and Protocols (PRO-MaP): Recommendations to improve methodological clarity in life science publications », disponible auprès de l’Office des publications de l’Union européenne.
Bien que ces recommandations aient été élaborées spécifiquement pour les sciences du vivant, elles offrent des perspectives précieuses pour d’autres domaines scientifiques.
L’engagement des éditeurs pour des protocoles transparents
Mais, cette préoccupation concernant la qualité des protocoles expérimentaux n’est pas nouvelle. Dès 2006, l’éditeur Springer Nature lançait Nature Protocols, une revue pionnière dédiée aux méthodologies scientifiques.