Depuis des années, Bing fait figure d’éternel second, loin, très loin derrière Google.
Sa stratégie depuis toutes ces années : tenter d’être le plus présent possible et d’occuper le plus de place en fournissant son index via son API à tous les acteurs qui voulaient s’aventurer dans le monde des moteurs de recherche. C’est ainsi que la quasi-totalité des moteurs et métamoteurs alternatifs à Google se sont retrouvés à utiliser Bing en arrière-plan (DuckDuckGo (https://duckduckgo.com), Qwant (https://www.qwant.com), Brave Search (https://search.brave.com), Ecosia (https://www.ecosia.org), Neeva (https://www.neeva.com)., etc.).
Mais les choses sont en train de changer. Avec l’arrivée de ChatGPT à la fin de l’année 2022, Bing a enfin entraperçu l’opportunité qu’il attendait depuis tant d’années avec, à la clé, la possibilité de monter sur la première marche du podium des moteurs de recherche.
Mais non pas sans quelques dommages collatéraux comme par exemple le fait de laisser tous ses anciens partenaires du « search » sur le bord de la route…
Comme nous l’avions évoqué dans la précédente newsletter « Les moteurs gratuits, c’est fini », Bing a annoncé qu’il allait multiplier le prix de son API par dix. Cela représente une hausse telle que nous concluions alors que cela n’allait pas être sans conséquence sur tout l’écosystème des moteurs et métamoteurs qui reposent sur Bing.
Voir notre article Comment surveiller Twitter après la fermeture en cascade des outils dédiés ?
Lire notre newsletter Les moteurs gratuits, c’est fini
De la même manière que l’augmentation du prix de l’API Twitter a immédiatement entraîné des fermetures d’outils en cascade, les conséquences de l’augmentation de l’API de Bing sur les autres moteurs de recherche ne se sont pas faites attendre.
C’est ce que nous analysons dans cette nouvelle édition des brèves de veille.
Premier dommage collatéral : la fermeture du moteur freemium Neeva.
Les fondateurs viennent de l’annoncer le 20 mai dernier évoquant notamment le fait que « convaincre les utilisateurs de payer pour une meilleure expérience était en fait un problème moins difficile que de les inciter à essayer un nouveau moteur de recherche ». Aucune mention de Bing mais l’augmentation des tarifs de l’API (que Neeva utilisait au moins en partie) a très certainement dû peser dans la balance.
Neeva vient d’ailleurs d’être racheté par l’entreprise Snowflake pour l’aider à « accélérer la recherche dans le Data Cloud grâce à l'IA générative ».
Le moteur Brave Search a quant à lui décidé de couper les derniers liens qu’il pouvait avoir avec Bing et a ainsi annoncé que le moteur n’utilisait désormais plus que son propre index.
On rappellera que depuis son lancement en 2021, Brave Search développait son propre index mais utilisait également l’index de Bing (voir notre article Brave Search, You et Presearch : les nouveaux moteurs passés au crible). L’utilisation de l’index de Bing dans les résultats n’avait cessé de diminuer au cours des deux dernières années, rendant ainsi Brave de moins en moins dépendant du géant américain.
Parallèlement à cette annonce, Brave a indiqué développer sa propre API qu’il mettra à disposition des développeurs et autres moteurs de recherche. Reste maintenant à savoir quels seront les tarifs et modalités d’accès.
Bing a tout de suite vu en ChatGPT une opportunité à ne pas manquer et s’est empressé de nouer un partenariat avec OpenAI pour pouvoir utiliser ses technologies et notamment son modèle GPT-4 dans son assistant Bing Chat.
On vient d’ailleurs tout juste d’apprendre que le partenariat entre OpenAI et Microsoft se renforce avec cette fois-ci l’utilisation de Bing comme moteur par défaut dans ChatGPT.
Mais Bing aurait-il peur de tout l’écosystème de moteurs et métamoteurs alternatifs qui, eux aussi, commencent à intégrer de l’IA générative ? On peut se poser la question.
En mars dernier, on apprenait dans un article de Bloomberg (payant mais on retrouvera également l’information sur d’autres sites comme ici) que Microsoft aurait menacé de restreindre l'accès à ses données si les moteurs de recherche concurrents continuaient à les utiliser pour développer leurs produits et fonctionnalités à base d’IA. Et en avril, DuckDuckGo annonçait déjà qu’il mettait fin à son assistant IA appelé DuckAssist…
Sur le sujet de l’intégration des IA génératives dans les moteurs de recherche, n’hésitez pas à lire ou relire notre article : Revue des moteurs de recherche à l’heure de ChatGPT.
Si on ajoute à cela, l’augmentation des tarifs de l’API de Bing, Microsoft ne pourrait pas mieux s’y prendre pour décourager et décimer la concurrence et faire la course seul vers la première marche du podium du « Search ».
Mais la course est encore longue et probablement semée de nombreuses embûches. A suivre !