Au sommaire de ce numéro, 3 actualités soigneusement sélectionnées qui pourront avoir un impact sur les professionnels de l’info, veilleurs et analystes à court ou moyen terme.
Google SGE met en avant des pages habituellement absentes de la première page
IST et IA – Le passage à l’indexation automatique dans Medline et Pubmed : 47% des articles contiennent désormais des erreurs
L’essor des newsletters locales
Une récente analyse d'Authoritas sur Google SGE (la fonctionnalité d’IA de génération de réponses directement intégrée en haut des résultats de Google mais qui n’est pas encore disponible en Europe) a révélé que les réponses générées par SGE ne correspondent presque jamais (dans 93.8% des cas) aux liens des 10 premiers résultats de recherche organique.
Cela pourrait donc permettre à des sites habituellement mal référencés ou en tout cas absents du top 10 d’être plus visibles. Et par extension, pour le professionnel de l’information de voir des pages et sites pertinents qu’il n’avait pas nécessairement l’habitude de voir apparaître. Mais attention à ne pas se réjouir trop vite : SGE vient tout juste d’arriver et personne ne sait encore quelles sont les techniques et méthodes pour réussir à bien s’y positionner. Quand ce sera le cas, il est possible que les sites habituellement bien référencés reprennent tout simplement leur position de leaders…
Toujours est-il qu’il y a quand même une tendance générale à vouloir mieux faire émerger des contenus de qualité, mais peu visibles :
Et sinon, on peut continuer à utiliser les méthodes des professionnels des informations pour aller dénicher des pépites et trésors sur le Web :
- Sourcing, de la théorie à l’épreuve de la pratique
- Comment enrichir son sourcing grâce à Google Sheets, Airtable & les autres ?
- Identifier des podcasts pour sa veille
- Sourcing : comment détecter des médias réellement nouveaux ?
- Veille internationale : comment trouver des sources en langue étrangère ?
On s’intéressera maintenant à une présentation qui a été faite lors de la conférence annuelle 2023 de l’association des bibliothèques de la santé du Canada et dont le support vient d’être récemment mis en ligne à propos de l’usage de l’indexation (MeSH) par IA dans Medline.
On rappellera que dans Medline et PubMed, les articles sont indexés avec un système de mots-clés hiérarchisés appelé MeSH (Medical Subject Headings). Et cela s’avère très utile pour la recherche d’information.
Depuis avril 2022, tous les articles se voient attribués leur MeSH via l'indexation automatisée (IA). La présentation examine la capacité de l'IA à identifier et représenter correctement les concepts clés d'un article. Les résultats montrent que 47 % des articles examinés présentaient des problèmes au niveau des MeSH, affectant ainsi leur récupération potentielle lors de recherches.
Le basculement à un système d’indexation 100% IA montre à ce stade une dégradation de la qualité de l’indexation et par extension de la recherche. Car on aura dans les résultats à la fois plus de bruit avec des articles non pertinents qui ont reçu des MeSH qui ne les concernent pas et à la fois un risque accru de passer à côté d’articles pertinents qui, eux, n’ont pas reçu le(s) MeSH qu’ils devraient avoir.
La recherche via l’indexation MeSH ne peut ainsi plus, à ce stade, être considérée comme aussi fiable que le passé et nécessite une attention accrue.
Il est donc nécessaire de ne pas se reposer uniquement sur l’indexation pour effectuer ses recherches mais aussi de réaliser des recherches par mot-clés classiques sur le titre, abstract, etc.
On comprend en lisant la présentation que la vérification par un humain de l’indexation automatisée n’a ici rien de systématique : « Selon la NLM (National Library of Medicine), les MeSH attribués par l'IA sont déterminés sur la base des termes du titre, du résumé et des termes et de l'indexation des enregistrements "voisins et connexes", avec un examen humain et une curation des résultats "le cas échéant". »
Et cela n’augure rien de bon pour l’avenir de Medline et Pubmed en termes de qualité d’indexation. L’IA peut indéniablement avoir un rôle à jouer pour l’indexation en faisant gagner du temps et en ingérant de très gros volume de données mais l’IA fait aussi beaucoup d’erreurs et a besoin d’être améliorée, corrigée et entraînée en permanence. Il y a donc besoin d’une couche de vérification humaine pour corriger les erreurs mais aussi améliorer l’algorithme.
Sur ce thème, on conseillera un récent épisode du podcast « Le code a changé » de France Inter intitulé « Les dames de l’algorithmes » qui nous parle d'un groupe d'annotatrices travaillant pour le Palais de Justice et qui entraînent un programme d'IA sur un programme d'anonymisation automatique des décisions de justice. Et qui nous rappelle par la même occasion que l’IA n’a rien de magique et que derrière, il y a souvent beaucoup d’humain !
Pour aller plus loin sur la question de l’intégration de l’IA dans les métiers de l’information :
Faire de la veille, c’est d’abord réussir à identifier les meilleures sources d’information sur les sujets qui nous intéresse. Et ces sources peuvent se présenter sous de multiples formats : sites Web, blogs, comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi de plus en plus newsletters.
Et l’une des tendances que l’on peut observer du côté des newsletters, c’est la multiplication de newsletters locales ou hyperlocales développées par des médias et journalistes à travers le monde.
Le magazine britannique The Lead a par exemple annoncé le lancement de 10 newsletters locales, chacune dédiée à une ville du nord de l’Angleterre. Toujours en Angleterre, on retrouve ce modèle de newsletter locale comme avec The Mill, une newsletter d’actualités dédiée à la ville de Manchester ou The Sheffield Tribune pour la ville de Sheffield. Et en France, Nice Matin ne cesse de développer son offre de newsletters locales. Derniers ajouts en date : FicaNice pour Nice et De la Rade au Faron pour Toulon.
Quand on a une dimension locale à inclure à sa veille en France ou à l’international, on ne pense pas nécessairement aux newsletters locales, d’autant que les newsletters ont eu un gros passage à vide pendant des années avant de revenir en force depuis quelques années (voir notre article de 2021 « Substack ou le symbole du retour en force des newsletters pour la veille »).
On a donc grandement intérêt à aller investiguer dans la direction de newsletters locales même si elles ne sont pas toujours faciles à identifier.
Dans notre récent article « Sourcing : l'info locale se renouvelle », on décrypte pour vous cette tendance des newsletters locales mais aussi les nouvelles formes que peut prendre l’information locale bien loin du schéma traditionnel du titre de presse classique et on vous explique comment réussir à les identifier.