Par exemple, si l’on effectue une recherche en portugais dans le moteur Google.fr ou même dans Google.com, utilisé depuis la France, le moteur présentera en priorité des informations couvrant le Portugal et non le Brésil. La même règle peut s’appliquer à des recherches effectuées en espagnol, qui retourneront essentiellement des résultats couvrant l’Espagne et non les pays d’Amérique Latine.
De même, effectuer une recherche sur la version régionale de Google (www.google.com.br) sans avoir modifié au préalable un certain nombre de paramètres, ne permettra pas d’obtenir tous les résultats potentiels.
Ce biais peut passer totalement inaperçu quand on ne connaît pas le fonctionnement de l’algorithme de Google et peut laisser penser qu’il n’existe pas de résultats pertinents correspondant à une requête, ayant été indexés par Google.
L’impact du paramètre de région
Il est pourtant possible de modifier le paramétrage de région par défaut, afin que Google présente alors des résultats différents, issus d’un autre pays et rédigés dans une autre langue. C’est un préalable indispensable lorsque l’on souhaite identifier des sources d’origine locale et mettre toutes les chances de son côté.
- La recherche peut être effectuée à partir de n’importe quelle version régionale de Google, que ce soit la version du pays que l’on cible (www.google.com.br), la version française (www.google.fr), la version internationale (www.google.com) ou même encore une autre version ;
- Il est possible que le menu de paramétrage soit accessible directement en bas à droite de l’écran dans un bandeau gris, mais il est souvent nécessaire de saisir une première recherche pour accéder au choix Paramètres ;
- Cliquer alors sur Paramètres de recherche puis descendre jusqu’à Paramètres de région qui est défini sur « Région actuelle » ;
- Modifier la région en fonction du pays ciblé. Ici nous choisirons Brésil ; ne pas oublier d’enregistrer ce paramètre en cliquant sur le bouton bleu tout en bas de la page ;
- Retourner dans le menu Paramètres pour modifier ensuite la langue. Pour notre exemple, nous choisirons português (Brasil), que Google distingue du choix português (Portugal) et enregistrer à nouveau ce choix à l’aide du bouton bleu.
Google est désormais prêt pour accueillir des requêtes destinées à identifier des sources d’information locales.
Une alternative consiste à utiliser un moteur comme Isearchfrom (http://isearchfrom.com/), Geolocalized (https://geolocalizedsearch.com/) ou encore Usearchfrom (http://usearchfrom.com/) qui permettent de simuler l’utilisation de Google à partir d’un autre lieu ou d’un autre appareil, ou d’effectuer une recherche avec des paramètres de recherche personnalisés, et ce à partir de simples menus déroulants ou zones de saisie.
Penser aux moteurs locaux
Il est vrai que Google détient une part de marché écrasante dans la plupart des pays monde, et que l’on compte sur les doigts d’une main les zones où un autre moteur de recherche est régulièrement utilisé : Baidu en Chine, Yandex et Russie, Naver en Corée du Sud… Néanmoins, dans le but d’effectuer une large recherche de sources d’information locales, on ne fera pas l’économie d’utiliser d’autres moteurs. Le site https://www.searchenginesindex.com/ permet d’avoir une liste des principaux moteurs par pays dans lesquels on pourra compléter ses recherches.
Effectuer ses recherches en langue locale
Cela paraît évident, mais il est recommandé de préparer au préalable une liste de mots-clés en langue locale, en s’aidant d’un traducteur tel que Google Translate ou Deepl.
Une méthode consiste à croiser plusieurs concepts en langue locale :
- Un ou plusieurs mots-clés décrivant le type de source d’information recherchée : noticias (pour actualités), revistas (revues), publicaciones (pulications), portal (portail), estatísticas (statistiques), banco de dados ou base de dados (base de données). Attention, tous les mots-clés n’ont pas le même poids selon le pays. Ainsi, le mot prensa (presse) au Brésil n’est pas très pertinent ; on lui préférera les mots indiqués au début de ce paragraphe. De même le mot ressources/resources donne de bons résultats en français ou en anglais, mais beaucoup moins en espagnol où il est peu utilisé pour désigner des sources d’information.
- Un ou plusieurs mots-clés décrivant le secteur d’industrie ou de service ou encore l’objet de la recherche : optica/optico (optique), seguros (assurance), patentes (brevets)…
Par exemple, pour identifier des sites spécialisés en sciences de l’information et documentation au Brésil, on essaiera successivement les requêtes suivantes : "banco de dados" "ciências da informação", "base de dados" «ciências da informação", "banco de dados" documentação, portal "ciências da informação".
On remarquera ici qu’il n’est pas nécessaire d’introduire dans la requête des mots-clés décrivant le pays (Brasil, brasileiro) puisqu’on effectue ses recherches dans un moteur local et dans la langue du pays. Ce critère peut néanmoins s’avérer nécessaire lorsqu’on effectue des recherches sur une zone lointaine anglophone (par exemple Singapour), afin de ne pas retrouver dans sa liste de résultats des sources d’information couvrant les grandes zones anglo-saxonnes (US, UK).
Croiser plusieurs noms de sources pertinentes
Avec cette méthode, le but est de potentiellement identifier une page internet ayant déjà recensé une liste des sources spécialisées dans un domaine. Par exemple, la recherche simultanée de deux titres de presse spécialisés dans le domaine de l’optique au Brésil : opticanet « revista view » permet d’identifier une page qui en signale encore d’autres : https://www.abioptica.com.br/revistas/
Utiliser des répertoires internationaux ou thématiques
Les répertoires et annuaires internationaux ou thématiques sont généralement d’origine anglo-saxonne et répertorient des ressources spécialisées dans un domaine ou dans un type de ressources. On donnera pour exemple l’annuaire international Ulrich’s (https://www.ulrichsweb.com/ulrichsweb/faqs.asp) qui recense 300.000 périodiques de tout type à travers le monde : revues académiques et savantes, mais aussi publications en libre accès, publications évaluées par des pairs, magazines, journaux, bulletins d’information, en accès gratuit ou payant. Cet annuaire est en accès payant (environ 1500$).
Les sites de bibliothèques nationales (British Library, Library of Congress, BNF etc.) et autres grandes bibliothèques sont aussi souvent de bons points de départ avec une sélection de liens ayant été effectuée par des bibliothécaires. C’est le cas aussi de certains blogueurs spécialisés. Cette fois-ci, une requête en anglais incluant des expressions telles que « research guide » ou « online resources » portera ses fruits :
library « research guide » brazil
OU BIEN economic « online resources » brazil
OU ENCORE law « research guide » brazil
Cela permet de trouver des pages d’orientation très précieuses qui font gagner beaucoup de temps et pointent vers les grandes sources d’information locales comme par exemple : https://guides.library.illinois.edu/brazil qui dans son onglet « online resources » signale le portail LANIC (Latin American Network Information Center) http://lanic.utexas.edu/la/brazil/
Finalement, l’efficacité dans l’identification de sources locales repose à la fois sur l’interrogation de moteurs locaux (le Google régional ou d’autres) et sur le choix judicieux du vocabulaire de recherche, qu’il soit en langue locale ou en anglais. Nous avons tenté de rassembler ici quelques éléments méthodologiques mais la recherche de sources locales repose aussi beaucoup sur la créativité et l’empirisme. Rappelons également que le sourcing est un travail de longue haleine, et que la pratique de la veille au fil du temps, quel que soit le sujet, est aussi l’occasion d’enrichir en permanence la liste des sources locales à mettre sous son radar.