L’avenir du métier de veilleur est assuré… pour peu qu’il joue à plein sa fonction d’éclaireur, garant du pluralisme et apôtre du temps long.
Récemment invitée à m’exprimer sur l’avenir du métier de veilleur devant une communauté de praticiens de la veille, je me suis souvenue d’avoir été sollicitée sur le même sujet il y a une dizaine d’années (1). Il faut croire que tous les 10 ans environ, une évolution technologique vient perturber le quotidien professionnel et la sérénité des veilleurs.
A l’époque, les préoccupations portaient sur les flux RSS (en passe de submerger le quotidien du veilleur et de l’aliéner au temps réel), la démocratisation de la curation (qui allait de pair avec la quête d’autonomie des usagers/clients), le règne de la conversation à l’heure des réseaux sociaux. Aujourd’hui, l’inquiétude est plutôt le fait de l’irruption des IA génératives avec l’avènement soudain, horizontal et gratuit, de ChatGPT.
Il y a 10 ans, je considérais déjà l’activité de veille comme une activité en mutation, qui s’orientait résolument vers l’accompagnement, le conseil, le transfert méthodologique. Il était de la même façon question de « destruction créatrice » (applicable aux usages comme aux métiers) promise par le numérique. Les réseaux sociaux sont toujours là, prêts sans désemparer à nous soumettre, si nous n’y prenons garde, à un régime d’alertes permanentes et à une réactivité maximale. La donne actuelle est complétée par la multiplication des contenus trompeurs (fake news, faux journaux scientifiques, revues et congrès prédateurs (2)…). Des conférences récentes, notamment à l’occasion de Documation, s’interrogent sur l’avenir des métiers de l’information, de l’intelligence économique et de la connaissance face à ces nouveaux défis et invitent à leur « réinvention » (quand la plupart des intervenants à la tribune ont préféré minimiser les efforts à produire en ne parlant que d’adaptation…).